Angoulême 2009 : l’esprit Villemolle

Pour être honnête, passer un festival d’Angoulême sous un joli soleil, bien qu’intermittent, et des températures au-dessus de 10 degrés est un luxe qui se savoure ! Pour autant, le bilan s’assombrit vite à  cause d’un récurrent manque de folie. On parle de festival, de festivités, mais cette année encore on ne peut pas dire que la joie transpirait sur les visages des visiteurs ni sur ceux du service d’ordre, particulièrement antipathique. Des bonnes conditions climatiques qui n’ont semble-t-il pas séduit le public : le festival comptait 225 000 visiteurs, soit à  peine plus que l’an dernier, pourtant bien moins clément.

Reste que la programmation était plutôt équilibrée, de Turf, Masbou et Maïorana à  la BD coréenne avec quelques déceptions aussi, comme l’exposition Dupuy & Berberian loin d’être à  la hauteur du petit bout d’Argentine concocté par José Muà±oz l’an passé, ou la reproduction du jardin de Boule & Bill qui ne nous fera pas oublier la chambre de Lou. À l’opposé, l’exposition Winshluss est un pur bijou et ça tombe bien, le cimetière de Villemolle serait itinérant et pourra être découvert ailleurs : il ne faut s’en priver sous aucun prétexte ! Enfin, si rien de fracassant n’a été annoncé par les éditeurs sur la bande dessinée numérique, chacun peut toujours explorer l’exposition virtuelle de Ruppert & Mulot, fameuse maison close polémique, dont l’équivalent physique était aussi palpitant que la nouvelle émission de Patrick Poivre d’Arvor sur France 5.

Clairement, cet Angoulême aura soufflé le chaud et le froid, entre beau soleil et nuages gris, contrariétés et vraies surprises. Ni transcendant, ni décevant. Reste qu’au prix du billet et en tenant compte des suppléments de plus de 20 euros qui rendent accessibles les concerts de dessins et leur part de festivités, la facture atteint des sommets difficilement justifiables pour passer un bon festival. Enfin, après la disparition de Claude Moliterni, ce 36e festival de la BD a été endeuillé par le décès de Guillaume Lachaud. Ce jeune lycéen de 18 ans a été percuté par un poids lourd en allant à  son entraînement de rugby après avoir passé 2 jours à  conduire officiels, auteurs et journalistes dans les rues d’Angoulême.

Ci-dessus, l’exposition Kiriko Nananan, à  la CIBDI.
Ci-dessus, l’exposition Bitterkomix, à  la CIBDI.

Ci-dessus, la ville sans perspective des coréens de Sai Comics et avec le mur vert, une portion de l’exposition Mizuki.
Ci-dessus, Dash Shaw, l’auteur de Bottomless Belly Button, attend le festivalier

Les photos sont é Wartmag.com