Des lectures en octobre (1)

FELL T1

Avec Snowtowm, le premier tome de la série Fell, Warren Ellis et Ben Templesmith frappent un grand coup. Sauvage, sale, dégénérée, la ville dans laquelle les créateurs plongent leur personnage principal de flic, Richard Fell, a tout pour plaire aux plus déviants des lecteurs. Dans ce maelstrom d’immoralité, le récit découpé en chapitres fait preuve d’une belle rugosité et d’un jusqu’au-boutisme salvateur. À n’en pas douter, Fell est une des bandes dessinées incontournables de la rentrée et satisfera tous les amateurs de d’antihéros dur au mal.
En deux mots : Fell Good
De Ellis et Templesmith aux éditions Delcourt – 144 pages – 15 €

COULEUR DE PEAU : MIEL T1

Avec Couleur de peau : miel, l’auteur Jung quitte les récits asiatiques épiques pour se livrer corps et âme dans cette autobiographie d’un enfant coréen adopté par une famille belge. Sans fard, le dessinateur dévoile sa jeunesse entre pauvreté en Corée et plat pays. Jung oscille entre anecdotes de vie d’enfant et moments marquants de son éducation à  l’image d’un carnet intime. Si tout n’apparaît pas comme essentiel, l’annonce d’un second tome axé sur son retour en Corée laisse une véritable envie d’en lire plus.
En deux mots : Sucré Salé
De Jung aux éditions Quadrants (Soleil) – 152 pages – 17 €

LUDWIG REVOLUTION

Blanche-Neige en garce manipulatrice ou le petit chaperon rouge devenu sniper et tueur à  gages, Kaori Yuki prend des libertés avec nos bons vieux contes de fées et dépoussière vigoureusement le genre. Moitié fables très sombres mettant en avant le caractère pervers et morbide des contes originaux, moitié parodies acides des habituelles adaptations sauce Disney qui fleurent bon la mièvrerie, les histoires tirent à  vue sur le mythe des happy-ends et des princes apparemment lisses et sans défauts. Que du bonheur.
En deux mots : conte pas sur moi
De Kaori Yuki aux éditions Tonkam – 192 pages – 6 €

CORPUS CRISPIES T1

Dessin incisif, scénariste volubile et malin, le premier tome de Corpus Crispies chez Soleil s’annonçait en tout point réjouissant. Las, la faute à  une mise en scène saccadée de Mako et à  un récit aux enjeux peu développés par Lupano, l’intérêt pour l’album retombe vite. Dans un univers post apocalyptique aussi délirant que Tank Girl, les auteurs se donnent du mal pour raconter leur histoire, mais la sauce ne réussit jamais à  prendre. Ne reste plus qu’une belle balade graphique pour les amoureux d’expériences visuelles.
En deux mots : goût d’hostie
De Lupano et Mako aux éditions Soleil – 48 pages – 13 €

IDOLES T3

C’est dans l’anonymat le plus total que se clôt cette superbe série d’anticipation conduite par Emem et Gabella. Servie par un final d’anthologie dans les rues de Rouen, aucun répit n’est au programme des personnages et nul optimisme n’est à  attendre dans la politique fascisante de la France d’Idoles. Côté narration, le scénariste épure davantage les dialogues, eux-mêmes alliés à  un dessin coloré par des tons lumineux, à  l’inverse du premier tome. Si le confort de lecture est plus grand, les fans de la première heure pourront regretter cette évolution graphique et narrative plus que palpable.
En deux mots : tout devient possible
De Emem et Gabella aux éditions Delcourt – 48 pages – 13 €

FENNEC

Noyer des serpents encombrants en faisant tomber la pluie ? Voilà  l’idée absurde du vilain fennec. Encore faut-il trouver le collier du chaman pour accomplir ce miracle. Dans cette quête “sans queue ni tête, le renard du désert rencontre animaux futés et butés et constate qu’il y a plus bête que lui. L’ensemble frustre par sa rapidité de lecture et sa fin abrupte. Toutefois, Yoann repose nos yeux sur des pages de sable d’aquarelle. Une détente colorée faussement initiatique pour fabriquer sa savane au milieu de la faune urbaine.
En deux mots : fait niqué
De Yoann et Trondheim aux éditions Delcourt – 32 pages – 9 €

SCHOOL RUMBLE T1

Un voyou dégourdi tombe amoureux d’une empotée inventive, elle même entichée d’un gus dénué de sex-appeal et raide comme un piquet. Dès les premières pages, le triangle amoureux exposé et le ton utilisé prend ses distances avec les « manga-vaudage » soporifiques. Les techniques de déclarations amoureuses sont hilarantes et le résultat forme une parfaite détente tendue comme un string qui lâche des cascades de rires. À lire avant de demander une augmentation à  son patron ou dans un métro bondé de tristes sires.
En deux mots : borné sans borne
De Jin Kobayashi aux éditions Pika – 160 pages – 7 €

JAMES DIEU T2

Pchiiiiiit. Non, ce n’est pas le bruit de la cannette de coca dans laquelle Dieu a trouvé refuge, mais le son qui fait écho tout au long de la lecture de ce deuxième tome. Là  où le premier proposait un récit barré et bourré de trouvailles, cette suite surréaliste invoque un humour super lourd à  l’image de l’introduction des équipes des séries TV les Experts et autres digressions chiantes, comme l’apparition du personnage de Jésus. Pourtant attendue comme le messie, cette suite ne semble plus rien avoir à  raconter. Un constat d’autant plus regrettable compte tenu du potentiel et des qualités déployées dans le premier volet.
En deux mots : Elvis est mort
De Fred Pontarolo aux éditions Futuropolis – 72 pages – 14 €

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