Lastman #3 : vrais ou faux, les nichons ?

Richard Aldana a chouré la coupe des rois avant de prendre la fuite. Marianne et Adrian filent à  sa poursuite, résolus à  rattraper le combattant aussi baraqué que secret. Quitte à  franchir le Rift et débouler dans un univers où motos et voitures changent drôlement des ambiances médiévales-fantastiques de leur paisible et bucolique contrée…

Cet avis révèle des éléments de l’intrigue.

Marianne est la vraie star…

Quelque chose clochait dans la Vallée des Rois, où Adrian Velba, 8 ans et demi, s’entraînait aux arts martiaux sous le regard protecteur d’une maman boulangère aux pains aussi gros que ses miches (ou l’inverse). Surtout depuis l’arrivée de Richard Aldana, combattant hors pair aux méthodes loin d’être conventionnelles, tout droit venu de l’autre côté du Rift, cette frontière recouverte d’un épais brouillard. Au-delà  de la purée de pois, motos et quatre roues vrombissent tandis que de drôles de flics (la turbopolice) équipés d’un gyrophare sur la tête gueulent « pin-pon », façon Mad Max sous acide.

Bien qu’ils s’éloignent un peu des bases du shonen dont les deux premiers épisodes reprenaient les mécanismes, Balak, Vivès et Sanlaville poursuivent leur déclaration d’amour aux animés popularisés en France par le Club Dorothée et aux jeux d’arcades avec un troisième épisode imprévisible, où défilent de nouveaux personnages face à  un Adrian passif, dépassé par des évènements sur lesquels il n’a pas prise. Tout l’inverse de sa maman, véritable star du volume, sortie de son rôle de boulangère bien sous tout rapport pour muter en monstre de survie, dont le sang froid permet d’envoyer dans les cordes les fâcheux au sang chaud.

Un bordel bien charpenté
… plus charismatique que jamais

Et dieu sait qu’ils sont nombreux à  essaimer dans Nillipolis, ville viciée jusqu’à  la moelle, où maisons de passe côtoient marchands d’armes et autres échoppes douteuses. Même les avocats troquent leurs ronflantes plaidoiries contre des arguments palpables, façon coup de poing dans la tronche, pendant que des mecs dissertent sur la poitrine insolente de la chanteuse Tomie Katana. Vrais ou faux ses nichons ? Peut-être en saurons-nous plus au prochain tome, puisque la pop-star apparaît en couve.

Les premières pages sont en couleur
Les premières pages sont en couleur

Multipliant les références – n’oublions pas que le nom d’Adrian Velba rend hommage à  l’actrice de charme Milena Velba et celui de Richard Aldana à  la reine des gros seins Rachel Aldana, comme le signalait un lecteur –, Lastman #3 est aussi le plus abouti graphiquement, avec des planches plus détaillées qu’auparavant, mais dont la mise en scène est toujours aussi puissante. L’album a beau présenter des dessins statiques, contrairement au turbomédia cher à  Balak, les personnages semblent s’animer au fil de la lecture, tant les intentions, cadrages et découpages sont précis.

Au bout du compte, cet épisode est à  l’image du procès qu’il met généreusement en scène : loufoque, fou, imprévisible, potache et pourtant très construit, puisque l’intrigue de fond ne souffre pas de tous ces dérapages, finalement contrôlés. De ce point de vue, Balak, Sanlaville et Vivès conjuguent à  la perfection la rigueur de leurs planches à  la folie furieuse de leur propos.

Lastman #3, Bastien Vivès, Michaël Sanlaville & Balak, Casterman – KSTR, 12,50 euros, 6 novembre.

Illustrations é Casterman – KSTR, Balak, Sanlaville, Vivès.