Aàma #3 : traversée d’un désert de miroirs avec Peeters

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Verloc, Conrad, Rajeev, la petite Lilja et le singe-robot Churchill s’enfoncent vers l’origine de l’expérience Aâma, traversant des décors hors du commun, des menaces qui ne le sont pas moins, sans trouver de réponses à  leurs (nombreuses) questions. Troisième volet de la saga de science-fiction signée Frederik Peeters. Un voyage visuel, sensoriel et introspectif !

Pourquoi Aâma appâte-t-elle Verloc, qu’a-t-il de si spécial ? Quelles visions hantent Conrad, de quelle vérité a-t-il pris connaissance lors de son rêve ? Pourquoi la véritable fille du héros est-elle confinée dans un étrange appareil au cœur d’un département scientifique ? Aâma compte-t-elle mettre au point une nouvelle espèce humaine, basée sur Verloc ou sa fille, un peu comme John Difool, dans la série L’Incal, a servi de modèle à  la nouvelle race Berg ?

« Merde ! Y en a marre des petites phrases cryptées, là  ! », s’esclaffe le héros au cours de l’aventure. Comme lui, on ressort un peu sonné du Désert des miroirs, à  force de ne pas trouver de réponses aux questions qui essaiment en cours d’aventure, ou de se heurter à  des références subtiles, rarement évidentes. Pas grave, l’auteur réserve en tout état de cause ses révélations pour le quatrième et dernier volume, annoncé comme plus épais que les précédents.

Malgré son côté abscons, le récit est d’une fluidité exemplaire, nous baladant dans des décors à  couper le souffle, mi-organiques mi-végétaux, aux allures de flore intestinale dont la beauté  comme le danger sont renforcés par des découpages et formes de cases toujours très travaillés. Que ce soit avec son bestiaire hallucinant ou des expressions de personnages toujours très justes, le boulot graphique de Frederik Peeters sur cet album est d’une précision diabolique. Rien n’est laissé au hasard, jusqu’à  la couleur du dos de l’album, raccord avec celles choisies pour l’illustration de couverture !

Du coup, même si les histoires à  questions ne sont pas du genre à  vous émouvoir, le dépaysement visuel est si puissant qu’il vaut à  lui seul le détour, déclenchant des sensations similaires à  celles provoquées par les décors les plus fantasques de Mœbius ou Paul Gillon.
Pour prolonger l’expérience, l’auteur publie croquis, réflexions et recherches sur un blog passionnant, entièrement consacré au projet Aâma.

Aâma #3, Le Désert des miroirs, Frederik Peeters, Gallimard, 17,25 €.

Illustrations é Gallimard, Peeters.