Alex et la vie d’après : la nouvelle BD de Neaud dispo gratuitement

Né à  l’initiative de l’association belge Ex Aequo, Alex et la vie d’après est un album pédagogique et de sensibilisation autour du Sida, scénarisé par Thierry Robberecht (La Smala) sur des dessins de Fabrice Neaud.

L’auteur du Journal*, qui planche actuellement sur une série de super héros à  paraître aux éditions Quadrants, n’avait pas sorti d’albums depuis 6 ans et revient avec cette BD de 60 pages – dont 40 planches – où l’on suit Alex, un personnage homosexuel et séropositif. Publié sous forme de brochure, enrichie de témoignages, glossaire et adresses utiles, l’album sera gratuitement envoyé aux belges qui en feront la demande (même les frais de port sont offerts) ! Pour les autres, il sera à  télécharger sur le site web de l’association.

* 4 volumes parus entre 1996 et 2002, chez Ego comme X.


Les images sont é Ex Aequo, Neaud, Robberecht.

  1. Fabrice Neaud est un auteur extraordinaire et un dessinateur très talentueux.
    Son talent ne suffit pas à  rendre acceptable l’indigence de cette « alex » dont le personnage mièvre n’a ni avenir ni influence. J’ai détesté, en particulier j’ai été surpris de voir Fabrice Neaus véhiculer les idées les plus propagandistes, les plus nocives à  la sexualité des séropos, qui n’a rien à  voir avec le néant décrit, en agitant ce mythe de la surcontamination.
    La BD évite toutes les questions centrales autour de la sexualité et est rempli de lieux communs. La prévention belge s’illustre depuis par son retard incroyable dans la mise à  jour sur l’effet préventif des traitements. Fabrice neaud a écrit cette oeuvre qui sera oubliée , parce qu’il faut bien vivre, et aussi parce qu’il a compris que sa stratégie personnelle de protection était menacée par la banalisation du sida. Neaud est un sérophobe qui aime les séropositifs, et qui ici a écrit une oeuvre pour lui-même. Une oeuvre qui n’est pas une autofiction, mais qui est un auto encouragement à  croire en la stabilité du message préventif au moment où dans la réalité il s’effrite.

    Une seule chose à  retenir : le paradoxe qu’un gay sur 5 est séropositif, ce qui constitue un support plus que suffisant pour constituer une communauté bareback, et l’impression de solitude absolue suggérée par la BD, hormis la compagnie de doux crétins tombant amoureux et l’amour sauve tout : LOL ! Cette image béate est aussi illusoire que complètement fausse : la clandestinité séropositive cache plus qu’elle même. La séropositivité n’est pas « nuit et brouillard ». La solitude n’existe que pour les idiots sérophobes et le désastre vécu est celui de celui qui croit en la prévention classique , sans voir qu’elle est une impasse préventive, et qu’elle débouche sur le désastre absolu décrit en cas de séropositivité.

    La nouvelle prévention banalisant les traitements et le dépistage a un avenir quand le personnage d’Alex n’en a aucun, à  part le
    rêve illusoire que la prévention vend au séropo lecteur, dont la prévention classique se fout comme de l’an 40 : cette BD s’adresse de façon terroriste aux seuls séronégatifs et ne donne aucun espoir au séropositif, pas même à  l’oie blanche reveuse qui n’a encore jamais connu l’amour mais seulement son idéalisation inopérante et croit en cette soupe finale qu’on lui sert.

    Les séropositifs qui s’en sortent n’appartiennent pas à  ce monde surréaliste qu’on nous dépeint.

    4 ans auront suffi à  rendre caduque cette oeuvre, quand un feuilleton extraordinaire s’ouvrira avec l’ examen rétroactif sur l’occultation des effets préventifs des traitements , connu depuis l’an 2000 mais révélé seulement 8 ans après dans toute l’europe, ….sauf en belgique ! Un feuilleton policier où le scandale du sang contaminé sera du pipi de chat, un sujet permettant de mettre la prévention en procès, et la ré-apparition d’acteurs clandestins qui attendaient leur heure : les séropositifs barebackers , bien plus représentatifs que le misérable et impuissant Alex.

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    Un mauvais point attribué pour le cri de colère face au personnage qui banalise les traitements. Si, le traitement ne pose plus aucun problème , Fabrice !
    Un autre pour la niaiserie de l’amour final qui sauve le séropo. Oui , l’amour sauve, mais justement, pas du tout de la façon décrite !

    Un très bon point par contre pour la séquence où un mec baise sans capote mais jette le séropo. Cette scène est forte et elle décrit une situation de pourrissement qui, même si cela n’est évidemment pas dit, est en fait le résultat direct de la prévention. La prévention a fabriqué la séropositivité actuelle et la mise à  l’écart des séropositifs, sa douleur est une construction qui ne repose que sur un discours qui a conduit les séropositifs et certains barebackers à  la folie : aussi sûr que l’homophobie a créé les homosexuels les plus refoulés et les plus dangeureux, la prévention a fabriqué les monstres de folie et de stupidité tels que le personnage odieux montré avec beaucoup de talent.

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