Angoublême 2010, un festival fatigué

Climat sibérien, inquiétude sur la survie du salon et choix de prix étranges, la 37e édition du festival d’Angoulême est revenue à  ses fondamentaux après une édition 2008 superbe, et une 2009 un poil plus molle. Dès le jeudi, un mauvais signe planait sur la cité charentaise, avec la découverte d’un McDonald’s fermé, comme pour annoncer la quasi-absence des invités et expos anglo-saxons. Passé la disparition de frites U.S. saturées, le premier constat se cristallise sur un public moins nombreux dans les allées, des stands éditeurs sans innovations et une couverture médiatique faible avec sa salle de presse clairsemée.

Si comme tous les ans, les expositions essaient de couvrir le plus largement possible la production, de Leonard au Match de catch à  Vielsalm des éditions Frémok, toutes se retrouvent sous un dénominateur commun : une scénographie réalisée à  minima. Dans ce registre, la palme revient à  l’exposition consacrée au Grand Prix de l’année, Blutch, – qu’il aura fallu débusquer dans un nouveau lieu sympathique, mais indiqué mollement – où seules des illustrations étaient posées de manière rectiligne, sans cartouche, dans un décor nu au couloir exigu. Si certains peuvent y voir un dépouillement volontaire pour apprécier l’œuvre uniquement, la réalité de ce choix ramène plutôt aux tentatives loupées d’expositions dans la salle communale de l’amicale des amis du Livarot réalisés avec trois cadres récupérés chez Ikéa.
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L’exposition Blutch

Dans cette absence de mise en scène, l’exposition 100 pour 100 qui consistait à  faire répondre un auteur contemporain à  une planche d’un créateur plus classique reste une belle réussite, avec ses originaux de Charles Schulz, Sergio Toppi qui côtoient ceux d’Ibn Al Rabin ou de Scott McCloud. Un lieu qui était à  ne pas louper, placé dans le nouveau musée de la bande dessinée et son espace démesuré qui sonnait bien vide avec des pans entiers non utilisés. Une bizarrerie, quand on connaît la petitesse des espaces où se logent en centre-ville les événements. En off, l’expo/bar Café Frappé menée par l’association Café Creed est à  saluer, située en face de la bulle Jeune Talent qui fêtait ses dix ans.

L’exposition 100 pour 100

Reste alors les prix, remis lors d’un show qui semble avoir été nettement plus fun que les années précédentes – tout le budget est peut-être passé là  ? –, mais organisé dimanche  à  16h et réservé aux invités. Le Fauve d’Or, consacrant la meilleure bande dessinée de l’année, remis à  Riad Sattouf pour le tome 3 de sa série Pascal Brutal chez Fluide Glacial, aura eu le mérite de faire rire ou d’étonner, mais désarçonnera assurément le plus grand nombre ! Pas mieux pour le prix du public – Fnac SNCF, décerné à  un livre paru au Québec, mais pas disponible en France avant le printemps ! Pas de doute, les membres du jury auront été pour le moins facétieux, à  l’image du climat et de ses flocons de neige parfois bien généreux !

L’exposition Café Creed

Heureusement, au-delà  de tous ces aléas et d’une année honnêtement décevante par ses expositions et l’offre d’auteurs de calibre international présents, le FIBD se boucle avec la nomination de Baru comme Grand Prix, un choix salvateur qui ne pourra que réjouir tous les amateurs de BD en espérant une prochaine édition à  l’image de son œuvre humaniste et rock and roll. Et qui sait, l’auteur ramènera peut-être avec lui le beau temps avec son œuvre culte L’Autoroute du Soleil (oui elle était facile celle-là ).

El Deglingo

L’exposition Pixar-Casemate-Fnac / exposition Tuniques Bleues / exposition Léonard

L’exposition Fabio Viscogliosi

Médaillon : Musée de la bande dessinée. Photo é Wart.