Après deux années à se peler méchamment et à se péter la tronche dans les artères verglacées d’Angoulême, cette 35e édition dynamitée au tango argentin a sonné le glas de la neige et de la tristesse angoumoisine.
Autant le dire d’entrée, l’édition n’était pas non plus dithyrambique. Pas de folie furieuse dans les rues, ni de grands sourires sur tous les visages, mais un beau soleil au cours du week-end qui, accompagné par un retour des festivités en centre-ville, contribue à tirer un bilan positif.
La programmation culturelle de cette année était à ce titre particulièrement réussie. Angoulême a proposé un éventail d’expositions représentatives de la bande dessinée au sens large, avec des planches originales du manga Lady Snowblood, une expo consacrée à la série jeunesse Lou, alors que celle sur la bande dessinée d’Argentine épatait avec ses planches originales de Muà±oz ou Breccia, en plus d’une scénographie tout à fait remarquable. Pour leur cinquantième anniversaire, les Schtroumpfs se sont propagés dans la ville, autant avec les panneaux d’expositions sur pattes que le vendredi matin où plus de 4000 statuettes blanches étaient à récupérer un peu partout dans les rues de la capitale BD. Autant dire que les enfants et les collectionneurs étaient les premiers dans les rues, à une heure où la plupart des festivaliers décuvaient tranquillement au chaud !
En haut, le schtroumpf designé par Uderzo. Ci-dessus, la bulle BD alternative – l’exposition Villes du futur – Navïs à l’expo Villes du futur – le mur d’expression de la salle des auteurs, Soleil investit les murs du festival – ambiance insolite dans les allées des bulles !
L’année de la cohabitation
Visible à presque tous les niveaux, le mélange et la cohabitation se sont confirmés lors de la deuxième édition des 24h de la bande dessinée où auteurs grand public comme Boulet ou Laurel officiaient aux côtés d’auteurs méconnus ou de ténors de la BD avant-gardiste tel Jean-Christophe Menu. Dommage que les bulles du Champ de Mars aient gardé leur exclusivité pour les gros éditeurs, laissant la bulle New York aux autres, sans parler la minuscule bulle alternative, sorte de long couloir fait de stands entassés les uns sur les autres. Dommage aussi de retrouver l’auteur controversé Michel Schetter, seul avec ses albums au beau milieu des stands de statuettes et de produits dérivés dans la bulle para-BD. Schetter, un produit dérivé comme les autres ? L’ironie de la situation le laisse supposer !
Ci-dessus, les 3 lauréats du concours Jeunes Auteurs et quelques photos de la cérémonie de remise des Prix avec, dans l’ordre un concert de dessin par José Muà±oz, une vue de la scène depuis la régie, Pierre Dragon coscénariste de R.G. avec son fauve à la main.
Enfin, avec un consensualisme et une ouverture sans ambigüité, la sélection officielle jugée trop mainstream sinon trop élitiste par quelques poils à gratter aura accouché d’un chouette palmarès. Des choix qui donnent au festival un caractère réellement international, primant cette année avec le Fauve d’Or un auteur australien pour l’excellent Là où vont nos pères, et avec des Essentiels une Israélienne, une Finlandaise et un Suisse au milieu d’auteurs Français. Reste le Grand Prix, attribué pour la première fois à un duo d’auteur. Pour le symbole surement, parce que Philippe Dupuy est difficilement dissociable de Charles Berberian, assurément. Il n’en reste pas moins étonnant que pareil traitement ne fut pas donné l’an passé à Carlos Sampayo, souvent aux côtés de José Muà±oz… À croire que pour les scénaristes, la cohabitation au sein de l’académie des Grands Prix n’est pas pour tout de suite.
> Le palmarès 2008
> Le Grand Prix 2008
> Notre couverture du festival
Toutes les photos sont é Wart.