Bad Ass, superméchant made in France

« J’aimerais qu’il neige de la merde, que le gosse se perfore la trachée avec ses baguettes, que la petite brune dégueule son canard laqué pendant que l’autre lui lèche les incisives. » Dès la première planche, le ton est donné. Bad Ass n’est pas une énième variation tiédasse sur le thème du superhéros. En mettant en scène Dead End, véritable crapule qui dessoude sans distinction assassins, flics ou superhéros, Bruno Bessadi et Herik Hanna filent plein gaz dans la badassitude. De la bande dessinée pour les filles et garçons qui en ont !

bad_ass_1_dead_end_couverture[dropcap size=dropcap-big]R[/dropcap]ien dans l’adolescence de Jack ne laissait entrevoir un destin hors du commun. Humilié par ses camarades, malchanceux à  l’extrême, le visage submergé de boutons d’acné, les années lycée du garçon ne sont clairement pas son meilleur souvenir, malgré un goût déjà  prononcé pour les punch lines méchantes et cruelles. Un jour, l’un des beaux gosses de l’établissement roule en bagnole sur le souffre-douleur. Non seulement l’hospitalisation vaut à  Jack un ravalement de façade inattendu, mais sa convalescence lui file une baraka pas possible. Désormais, tous ses coups font mouche. Plus rien ne l’atteint. La roue tourne, mais pas question de quitter du jour au lendemain une vie de loser pour une existence populaire. Jack préfère s’inventer le personnage de Dead End et assouvir sa vengeance, au côté de son seul ami, un génie informatique à  qui l’on doit un robot sacrément vulgaire. Ensemble, ils forment une sorte de Green Hornet shooté à  la testostérone.

Bruno Bessadi s’y connaît en gore. Zorn et Dirna, sa série en six tomes scénarisée par Jean David Morvan, regorge de meurtres sanglants, de membres tranchés, de tronches écrabouillées. Si la quantité de matière humaine déborde moins dans Bad Ass, attendez-vous à  quelques morts bien violentes. D’autant que niveau baston, Bessadi sait faire et s’en donne à  cœur joie, multipliant les découpages incisifs, les débordements de cases, animés par des personnages au character design travaillé. Du boulot d’orfèvre, puisque Bad Ass s’approprie les codes de la BD de superhéros et les écorche au verre pilé. Catwoman se transforme en Amadeus Kitty, violon et archet en lieu et place du fouet, tandis que Batman déboule sous les traits de Black Snake. Pas sûr que les gentils l’emportent.

Heureusement, toute cette subversion ne tombe pas dans l’outrance dans laquelle s’est enfermé Warren Ellis, notamment avec sa trilogie Black Summer. Dead End, salaud magnifique et immoral, reste terriblement cool. Une franche réussite – de plus de 100 pages bien fournies – pour le premier comic made in France à  paraître au sein du label Comics Fabric des éditions Delcourt.

Bad Ass #1, Dead End, Bruno Bessadi, Herik Hanna, Delcourt, 14,95 €, dispo.

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é Guy Delcourt Productions, Bessadi, Hanna.