Enrôlé dans l’armée confédérée en pleine guerre de Sécession, Louis Paugham a un coup de foudre pour un prisonnier noir. Il ne connaîtra ni son nom ni sa voix, puisque le colosse finit lynché à mort par deux des six fondateurs du Ku Klux Klan… Une plongée introspective et contemplative dans l’Amérique du XIXe siècle.
Avant d’être une échéance, la « deadline » était une ligne de mort que ne devaient pas franchir les prisonniers unionistes lors de la guerre de Sécession. Cette ligne, bien concrète aux yeux du soldat Paugham, va devenir immatérielle pour le reste de sa vie, symbolisant son incapacité à faire des choix. Faut dire que l’homme traîne un lourd passif : témoin du meurtre de ses parents à 6 ans, enrôlé de force par les sudistes, se découvrant une attirance pour un garçon qui meurt pas longtemps après…
Louis subit les évènements plus qu’il ne les fait, comme tout type normal, presque banal, ni courageux, ni pro de la gâchette. Pas étonnant qu’il prenne des décennies pour mûrir sa vengeance, pour franchir enfin cette ligne séparant l’inaction de l’action et venger cet homme qui sans le savoir a bouleversé toute son existence.
Malgré ses 80 pages et son parti-pris introspectif et contemplatif, Deadline est loin du récit pompeux et ennuyeux, grâce aux prouesses graphiques d’un Christian Rossi plus généreux tu meurs. Il flotte parfois un parfum de surnaturel dans ses grandes cases aux décors copieux et aux couleurs toujours très travaillées. Et quoi de mieux qu’un dessin spectaculaire pour illustrer la vie d’un homme qui ne l’est pas ?
Deadline, Christian Rossi, Laurent-Frédéric Bollée, Christian Rossi, Glénat, 18,50 €.