Des lectures en décembre (1)

LE SOURIRE DU CLOWN T2

Après un premier tome publié au moment de la crise des banlieues 2005, ce deuxième épisode sort synchro face aux récentes violences à  Villiers-le-Bel. Sans concession à  l’égard de la condition des cités, des politiques ou des religieux, l’histoire est entrecoupée de flashbacks pouvant perturber un peu la lecture. Un souci secondaire, au regard des nombreuses infos complémentaires que ces retours en arrière apportent pour saisir les tenants et aboutissant du récit de Brunschwig et Hirn. Toujours aussi sombre, le deuxième tome de cette trilogie est une franche réussite.
En deux mots :
Crise des banlieues
De Brunschwig & Hirn aux éditions Futuropolis – 70 pages – 15 €

LADY SNOW BLOOD T1

Avec son bandeau jaune sur la couverture précisant « le manga qui a inspiré Tarantino pour Kill Bill« , le ton est donné. Publié dans la collection Sensei de Kana, Lady Snow Blood est un classique du chambara, un genre faisant la part belle au combat au sabre. Abordant frontalement sa thématique principale, la vengeance, et sa mise en forme, les auteurs livrent une œuvre crue, sans concessions qui ne souffre d’aucune ride 35 ans après sa réalisation. A réserver à  un public averti, ce livre se révèle être un must have pour les amoureux du manga et de l’histoire japonaise.
En deux mots :
sang pour sang
De Koike & Kamimura aux éditions Kana – 510 pages – 12,50 €

FEMMES DE RECONFORT

Dessin maladroit, typo minimale, mise en page peu élaborée, l’œuvre de la coréenne Junk Kyung-a part avec un à  priori formel négatif. Si lire les premières pages est un vrai effort, la force du propos, les témoignages relayés et le soin apporté à  la documentation finissent vite par faire oublier le reste. Relatant les méfaits de l’armée japonaise impériale se servant des femmes des pays annexés comme esclaves sexuelles pour leurs troupes, cette bande dessinée dévoile avec un vrai talent un pan méconnu de l’histoire mondiale.
En deux mots :
Histoire inconnue
De Jung Kyung-a aux éditions 6pieds sous terre/Diable Vauvert – 264 pages – 22 €

ACHAB T1

Du nom du vieux capitaine parcourant les mers à  la recherche de Moby Dick, la bande dessinée Achab publiée chez 13 Étrange a pour ambition de narrer la jeunesse de ce héros, fier harponneur balafré de son état. Derrière une couverture accrocheuse, Patrick Mallet prend son temps pour développer des personnages savoureux avec son dessin efficace. Les amoureux de l’œuvre de Hermann Melville y retrouveront les prémisses d’un personnage charismatique ; quant aux autres, ils pourront se plonger dans une aventure initiatique pleine de charme sur l’île de Nantucket.
En deux mots :
Mini Moby Dick
De Patrick Mallet aux éditions Milan (13 étrange) – 54 pages – 12,50 €

ALIM LE TANNEUR T3

Si on regrette rapidement l’absence de Geneviève Penloup aux couleurs, il faut reconnaître que ce nouvel épisode n’en reste pas moins superbe visuellement. Album de transition, jouant sur une ellipse de plusieurs années, ce troisième tome nous fait découvrir un paysage politique redessiné, ou intrigues et influences religieuses jouent un rôle toujours plus crucial. Les auteurs en profitent pour introduire de nouveaux personnages intéressants, dont un bien loufoque et haut en couleurs, qui tranche avec la plupart des personnages plutôt sombres de cet album.
En deux mots : Invitation au voyage
De Lupano & Augustin aux éditions Delcourt – 54 pages – 13 €

SEPT PIRATES

Avouons le tout de go, le débarquement intensif d’adaptations littéraires en BD en cette année 2007 aura écoeuré bon nombre de lecteurs. A ce titre L’àŽle au trésor fut l’oeuvre la plus usitée avec deux adaptations fidèles chez Delcourt et Adonis et une suite nommée Long John Silver chez Dargaud. Reprenant à  son compte les personnages inventés par Stevenson, Pascal Bertho arrive avec ses Sept Pirates sur un terrain déjà  miné. Le dessin élégant de Tim McBurnie n’y fera rien, le récit ne décolle jamais vraiment, le tout étant plombé par des idées peu originales.
En deux mots :
sans trésor
De Bertho et McBurnie aux éditions Delcourt – 64 pages – 14 €

BATMAN YEAR 100

Batman revient près d’un siècle après sa dernière apparition. Ici, pas de successeur mais bien l’original qui relance ses petites activités comme si de rien n’était. Comment est-il arrivé là ? Aucune importance. Pourquoi? Bah, pour combattre le crime bien sûr… Et ça dépote ! Paul Pope nous livre, comme à  son habitude sur le Dark knight, un héros réaliste et chanceux, qui sent la sueur et le sang, avec un caleçon bien rempli. Au final, une bonne aventure pour un Batman sorti de son contexte mais pas de ses habitudes.
En deux mots :
ça bat ou ça casse
De Paul Pope aux éditions Panini – 200 pages – 24,50 €

YA-SAN

Epoustouflantes, chaque page de ce manhua est un vrai plaisir pour les yeux, tant les détails apportés par le crayon de Huang Jia Wei sont légions. Las, le scénario déçoit malgré de bonnes idées (ellipses, changements de points de vue et autres grand écarts narratifs n’importe où et n’importe comment). On voudrait nous faire croire que ces artifices ajoutent au côté onirique de l’affaire, la lecture n’en devient pas moins pénible et assez casse-gueule.
En deux mots : roi du crayon de bois
De Bang & Jia Wei aux éditions Kana – 120 pages – 8,50 €

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