LÉGENDES DE LA GARDE
À mi-chemin entre le conte pour enfants et le récit adulte, Légendes de la Garde s’illustre d’abord par ses dessins, fouillés et détaillés, aux frontières de l’illustration et des livres jeunesse. Un aspect nuancé par un scénario un poil sanglant qui, à travers 6 chapitres, revient sur une insurrection de souris à Lockhaven, le bastion de la Garde. Si l’ouvrage se lit très vite malgré ses 170 pages, le premier volume de la série de David Petersen reste un vrai plaisir de lecture.
En deux mots : Mouse costaud
De David Petersen aux éditions Gallimard Jeunesse – 170 pages – 18,50 €
AMERES SAISONS
Autobiographique, Amères saisons raconte l’histoire d’Étienne Shréder, un fonctionnaire de justice qui va perdre son travail suite à ses problèmes d’alcool. L’auteur montre sa descente aux enfers, passant tour à tour de la rue à l’hôpital. Avec un regard qu’on ressent distancié, Étienne Shréder revient sur ses moments de galères, semblant se servir de son livre comme d’un exutoire. Avec une pudeur revendiquée, il ne tombe jamais dans le voyeurisme inutile et propose un témoignage riche et passionnant, servi par un dessin d’un noir et blanc puissant. Un des incontournables de janvier.
En deux mots : Journal d’amères saisons
D‘Étienne Shréder aux éditions Casterman – 224 pages – 13 €
HOLLYWOOD JAN
Autour du thème de l’adolescence, Bastien Vivès et Michaël Sanlaville mettent en scène le quotidien de Jan, un garçon discret qui s’invente des stars de ciné en guise de chaperons imaginaires. Russell Crowe, Arnold Schwarzenegger et Sylvester Stallone : trois gros bras, soit trois tonnes de muscles pour compenser le mètre soixante et les cinquante kilos du héros. Avec un dessin très relâché, exécuté en alternance à chaque chapitre par les coauteurs, la part belle est faite aux expressions des visages. Le scénario n’est pas en reste, allié à des dialogues pleins de pêche qui font d’Hollywood Jan un livre résolument malicieux.
En deux mots : Fraicheur de vivre
De Vivès et Sanlaville aux éditions Casterman (KSTR) – 144 pages – 10 €
SOLANIN T1-T2
Narrant les péripéties de jeunes adultes un peu paumés tentant de faire un groupe de musique, l’œuvre d’Inio Asano ausculte avec talent les envies et doutes de la jeune génération japonaise. Sorte d’Hélène et les garçons en manga, la dimension psychologique en plus, Solanin est une bande dessinée nonchalante qui sait prendre son temps pour dépeindre des instants de vie. Graphiquement aboutie, l’histoire attisera la curiosité de la majorité des lecteurs, mais fera fuir ceux pour qui le passage de l’adolescence à l’âge adulte n’est qu’un vague souvenir sans grand intérêt.
En deux mots : Sol en si
De Inio Asano aux éditions Kana – 225 pages – 9,50 €
LE ROUGE VOUS VA SI BIEN
Recueil de petites histoires sucrées salées, le nouvel album de Lucie Durbiano est une ode à l’amour. Qu’il soit impossible, romantique, homo, frivole, ou tout ça un peu à la fois, l’auteure évoque le sentiment amoureux à travers 7 histoires au graphisme propre. Les scènes d’humours s’opposent à d’autres, plus dramatiques, là où celles cocasses font un bel entre-deux. C’est beau, très frais, mais dommage que la dimension anecdotique prédominante dans Le Rouge vous va si bien, laisse un peu sur sa faim.
En deux mots : I remember jolie demoiselle
De Lucie Durbiano, aux éditions Gallimard (Bayou) – 96 pages – 16 €
MILO T1
Polar futuriste, Milo séduit par la modernité de sa narration, ses découpages et cadrages efficaces. L’introduction d’un cadavre à la double identité sert de déclencheur à l’histoire, où tout un tas de types louches vont avoir la gâchette facile pour mettre la main sur le corps. Réussie à tous les niveaux, la série risque en revanche de souffrir de l’attente jusqu’au deuxième tome. La première partie se clôture sur un vil cliffhanger et une impression de n’avoir parcouru qu’une moitié d’épisode.
En deux mots : polar futuriste réaliste
De Scoffoni et Rivière aux éditions Delcourt – 48 pages – 13 €
TOKKO T1-T2
Un rêve étrange, un jeune héros gaffeur, une sœur sexy en diable, les premières pages de Tokko s’amusent à compiler les clichés antédiluviens du manga. Fort heureusement, cette mise en bouche passée, l’aventure proposée par Tôru Fujisawa, le créateur de GTO, se révèle bien plus originale et détonante. Polar fantastique situé en 2011, l’auteur attaque son projet frontalement osant des scènes morbides et hardcore, entre deux tranches d’enquêtes et de comédie. Seul hic à cette œuvre seinen, l’histoire est à ce jour suspendue au Japon à son troisième tome et ne possède pas de véritable fin, malgré une adaptation en anime de 13 épisodes.
En deux mots : Tokko k.o.
De Tôru Fujisawa aux éditions Pika – 200 pages – 7,90 €
AL’ TOGO T4
Injustement méconnue, la série de Savoia et Morvan n’est pas mise en valeur avec ce quatrième tome très décevant. L’europolice a affaire ici à une secte grecque, qui par un procédé farfelu – l’envoi de SMS de propagande –, parvient à donner envie aux citoyens lambda de commettre des attentats contre les entreprises de médias. Plusieurs scènes frôlent le grotesque, comme celle où le héros va se retrouver à bord du même avion que les fanatiques, qui n’hésitent pas à parler réunion en plein vol… Une déception qui intervient après trois tomes très haletants.
En deux mots : terrorisme sms
De Morvan et Savoia aux éditions Dargaud – 48 pages – 10 €