Des lectures en juin (1)

L’ARLERI

Retour à  l’aquarelle pour Baudoin dans un épais livre introspectif. Un nouveau dialogue entre un peintre et son modèle et, surtout, une longue réflexion sur l’amour, sur les amours. Les principaux ingrédients d’un Baudoin à  la première personne sont réunis, quelques expérimentations graphiques s’y ajoutent comme la présence de photographies, le tout ayant des allures de bilan, ce qui ne gênera pas les néophytes. On regrette le choix de la collection, les dessins de Baudoin semblant être destinés à  du format plus grand.
En deux mots : Vieux singe
D’Edmond Baudoin, aux éditions Gallimard (Bayou) – 104 pages – 16 €

LA LÉGENDE DU CHANGELING

Après les bas-fonds citadins vus dans Miss Endicott, Xavier Fourquemin balance son dessin entre la campagne idyllique d’une Angleterre rurale et un Londres crasseux très victorien. Un terrain de jeu tout indiqué pour le Changeling, ce petit garçon du monde féérique, changé peu après sa naissance à  la place d’un rejeton humain. Scénarisée par l’elficologue Pierre Dubois, la légende est entre de bonnes mains. En deux mots : Endicott féérique
De Dubois & Fourquemin, aux éditions Le Lombard – 56 pages – 13 €

APRàˆS LA NUIT

Il y a du sexe dans ce one shot très western. Du sexe, de la poudre, du duel, des gueules cassées, bref, tout ce qu’il faut pour camper une ambiance typique. Meunier et Guérineau s’appliquent, au-delà  des ingrédients indispensables, à  proposer une histoire surprenante, derrière un vernis ultra référencé. L’innovation passe aussi par des cadrages et des plans travaillés qui font d’Après la nuit un excellent western.
En deux mots : 1 tome, 1 duel.
De Guérineau & Meunier, aux éditions Delcourt – 64 pages – 13,95 € (existe en version noir & blanc à  20 €)

LES MARINS PERDUS

Il ne faut pas s’attendre à  voir l’écume des vagues dans cette adaptation en BD d’un roman de Jean-Claude Izzo. Forcé de rester à  quai, l’équipage de l’Aldébaran va se diluer dans la cité phocéenne où chaque membre rencontre son lot d’emmerdes. Dur retour à  la terre. Réalisé par Clément Belin, un ancien marin, le livre offre des ambiances riches et convaincantes, mais souffre d’un final un brin précipité.
En deux mots : Perdus dans Marseille
De Clément Belin, aux éditions Futuropolis – 84 pages – 16,50 €

FERME 54

Sensible et élégante, cette bande dessinée israélienne met en scène une jeune femme à  travers 3 moments forts de sa vie, des premières amours à  son entrée dans l’armée. Pudique, le propos n’est pourtant pas tout rose, ponctué de drames familiaux. Traité en bichromie, le dessin très fin, à  la frontière de l’esquisse, laissera insensibles ceux qui en ont leur claque des récits autobiographiques.
En deux mots : Petite ferme dans la prairie
Di Gilad et Galit Seliktar, aux éditions çà  et là  – 150 pages – 16 €

LE COW BOY RAISONNABLE

Il y a quelque temps, nous parlions des créations sous psychotropes. Eh bien, on tient là  un sérieux client ! Entre le pauvre gars qui saigne des scorpions et un autre qui a une maison à  la place de la tête, force est de constater que Goodbrey a dû fumer la moquette. Surréalistes, les histoires surprennent et amusent. Le dessin en revanche, offre un rendu 3D noir et blanc qui frappe par sa froideur et son côté peu esthétique. Une vraie bizarrerie.
En deux mots : pas raisonnable du tout
De Daniel Merlin Goodbrey, aux éditions Actes Sud / L’An 2 – 119 pages – 22 €

HEROES

Devenir quelqu’unnnnn, le héros d’un autre, du jour au lendemaaaaaain. Après la série télé, la BD. Pourtant, cet album n’est pas l’adaptation du show, mais une succession d’appendices, d’extensions inédites et complémentaires à  la série télévisée. Initialement publié au compte goutte et gratuitement sur le net, ce recueil est proposé en français par Panini et Soleil sous le label Fusion.
En deux mots : Save the cheerleader, save the show
Collectif, aux éditions Fusion – 240 pages – 20 €

LES PIERRES AVEUGLES

Le thème est alléchant : un Occidental se rend au Yémen pour affaires, soit un prétexte aux auteurs pour évoquer le mélange des cultures, servi par un dessin plein de détails et une mise en couleur lumineuse. Hélas, le scénario reste caricatural. Entre l’histoire d’amour avec l’institutrice cultivée et voilée, la mère du héros façon mamie-colonie et les intégristes sympas parce qu’ils enlèvent des gens pour la bonne cause, l’enthousiasme des premières pages retombe vite.
En deux mots : pierre qui coule
De Cablat & Groensteen, aux éditions Actes Sud / L’An 2 – 56 pages – 16 €

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