Des lectures en mars (2)

LES VILLES D’UN JOUR

Une petite dizaine d’histoires courtes font le sel de cet ouvrage autobiographique sur le monde du cirque signé Rudy Spiessert. Ici, pas de côté documentaire pénible dans les récits, mais de vrais moments de vie farcis d’anecdotes savoureuses qui cassent les idées reçues sur la vie chez les pros du spectacle. L’arrivée d’un nouveau magicien, l’admiration pour le trapéziste, mais aussi les personnages de coulisses, comme le monteur du chapiteau, sont évoqués dans Villes d’un jour, un ouvrage drôle en plus d’être enrichissant.
En deux mots : La vie au cirque
De Rudy Spiessert, aux éditions Quadrants – 56 pages – 10 €

L’HOMME DE MARS

Album concept mêlant bande dessinée et musique, L’Homme de Mars est une œuvre atypique. Loin des formatages actuels, ce titre propose une expérience à  part, composée de 80 pages de bande dessinée et de 17 chansons, le tout réalisé par le chanteur Kent, de retour dans le neuvième art après 20 ans d’absence. L’album propose une immersion inattendue et réjouissante dans la vie d’un martien candide bien décidé à  découvrir la planète Terre et ses habitants. Jouant avec talent sur l’association entre musique, textes et images, L’Homme de Mars s’impose comme un incontournable de 2008, à  lire et à  écouter, rien que ça !
En deux mots : Belle OVNI
De Kent aux éditions Actes Sud BD – 80 pages – 29 €

EVA

Après Moi je chez l’éditeur Warum, Papa à  L’Association et en attendant les Mélomaniaks dans la collection Tchô, Aude Picault continue d’investir avec adresse les différents champs de la BD. Sous-titré J.F. se cherche désespérément, Eva propose de suivre une jeune et jolie fille de bonne famille, clichée de la tribu des putes à  franges, travaillant dans la communication. Rythmé par des gags en une page, la belle urbaine insouciante n’a qu’un objectif : chopper le plus beau des garçons. Prépubliées dans les pages du magazine Voici, les histoires font mouche grâce à  un sens de l’à  propos ad hoc et un dessin enlevé.
En deux mots : Voici Eva
D’ Aude Picault aux éditions Glénat – 56 pages – 10,90 €

EN SAUTANT DANS LE VIDE

Dans cette chronique urbaine, le jeune auteur espagnol Man fait bondir ses héros de toit en toit, à  la manière des Yamakasi, le côté too much en moins. C’est moderne, avec une mise en couleur numérique pleine d’effets ; frais, avec des dialogues incisifs et des « jeunes » qui ne tombent pas dans le cliché à  10 balles. En plus des SMS et des gros plans sur les baskets sneakers à  la mode, ce premier tome d’une série prévue en 5 volumes en profite pour introduire un psychopathe à  l’arme blanche qui pimente encore plus le récit. Rythmé, cet album pétille de partout et s’impose comme un cocktail de genres réussi.
En deux mots :
Urbain et bien
De Man, aux éditions Dargaud – 64 pages – 12,50 €

RG T2

Au centre de cette mission nommée Bangkok-Belleville, les clandestins nourrissent le scénario de bien des façons, levant le voile sur les frictions entre services de police, et faisant naitre des histoires de cœur pour le héros Pierre Dragon. La dimension humaine prend une place importante dans ce tome avec son lot d’anecdotes toujours aussi croustillantes, comme l’illustrent les façons d’amadouer une personne dont on attend des informations. Visuellement, on quitte les ambiances ocres pour des tons bleu nuit. C’est beau, c’est bien, ça change de Navarro.
En deux mots : Polar incontournable
De Peeters et Dragon, aux éditions Bayou – 104 pages – 16 €

UN VOYAGE

Avec une approche artistique indéniable, cet ouvrage d’ambiances publié chez Futuropolis dépeint les derniers instants de vie d’un personnage se sachant condamné par le cancer. Sensible, le récit se construit par non-dits et évocations, à  l’image des divers protagonistes dont les visages se font toujours fuyants. L’harmonie de l’univers se retrouve dans des tons gris omniprésents. Mais, malgré la beauté et la grâce de l’ensemble, la gravité de l’histoire mêlée à  une dimension proche de la thérapie rend ce voyage difficilement digeste.
En deux mots : Le dernier voyage
De Lambé et de Pierpont, aux éditions Futuropolis – 160 pages – 23 €

HELENE BRULLER EST UNE VRAIE SALOPE

Compagne à  la ville de Zep, créateur incontournable de Titeuf, Hélène Bruller se met en scène entourée de ses proches dans des gags détonants et acides. Sans compassion pour sa personne, l’auteure narre ses déconvenues amoureuses, ses vengeances et ses reconquêtes avec un œil aiguisé. Avec son dessin radical, Bruller use à  bon escient d’un humour vachard et offre à  tous les hommes un véritable guide de bonne conduite pour comprendre, un peu mieux, le sexe opposé. Une autobiographie à  conseiller à  tous.
En deux mots : La salooope !
D’ Hélène Bruller aux éditions Vent des savanes – 62 pages – 13,90 €

UCHRONIE(S) NEW HARLEM T1

Dans cette série du concept éditorial Uchronie(s), Harlem est passée sous la domination noire, reléguant les blancs à  la pauvreté. Ce changement de donne semble entrainer une évolution des mœurs atypique avec des scènes de cul toutes les 3 pages, riches en fellations et amours lesbiens. À peine racoleur, ce premier tome de New Harlem est moche en plus d’être vulgaire. Des tares que, ni la sympathique couverture, ni les bonnes idées de scénario, ne parviennent à  sauver. Une daube.
En deux mots : Harlem au cul
De Corbeyran et Tibery, aux éditions Glénat – 48 pages – 12,50 € de trop

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