Des lectures en octobre (2)

LES FILS DE LA TERRE T1

Mécontent d’une forte baisse dans la productivité agricole, le Premier ministre Japonais envoie en mission le jeune fonctionnaire Natsumé qui doit chaque année attirer et mettre sur le marché de l’agriculture des milliers de jeunes. Une entreprise titanesque où le citadin modifiera sa vision du monde rural. La narration convaincante de Jinpachi Môri (Tajikarao) et le trait rond otomoesque de Hideaki Hataji offrent une fine analyse sur cette thématique. Le futur manga de chevet de José Bové ?
En deux mots : nabot à  binette
De Jinpachi Môri et Hideaki Hataji aux éditions Akata – 220 pages – 7,50 €

SOMEWHERE ELSE

En le sous-titrant jazz, confidences et oreilles de lapin, Pascal Jousselin pose dès la couverture la partition improbable de son nouveau récit. Dans Somewhere Else, le dessinateur fait découvrir une ville un brin décalée le long de 16 chapitres ayant pour fil conducteur l’univers du jazz. Tour à  tour intimistes et exubérants, les personnages évoquent avec malice des morceaux de musiques réputés. Tel un musicien dans un solo improvisé, l’auteur se laisse aller avec talent au fil des pages. Inattendue, cette bande dessinée est une belle découverte publiée chez Treize Étrange.
En deux mots : acid Jazz
De Pascal Jousselin aux éditions Milan (Treize étrange) – 112 pages – 15 €

HAPPY LIVING

En suivant aux USA un journaliste à  la recherche du véritable auteur d’une chanson mythique, Happy Living nous offre un beau voyage sur fond d’enquête. On s’attache autant aux moments passés par le personnage principal dans un diner typique ou dans un motel singulier qu’à  suivre la progression de son investigation ralentie par la quantité de témoins potentiels. Le graphisme noir et blanc de Gà¶tting est un régal, charbonneux et consistant, il ajoute du relief à  ce savoureux récit.
En deux mots : immersion totale
De Jean-Claude Gà¶tting aux éditions Delcourt – 140 pages – 15 €

AYA DE YOPOUGON T3

Une fois encore, Marguerite Abouet et Clément Oubrerie développent avec brio cette série fraiche et naturelle, qui dévoile l’Afrique sous un angle moins dramatique que celui véhiculé sans autre choix par l’actualité. Autour du concours de beauté Miss Yopougon, tous les personnages de l’histoire ont droit aux devants de la scène, doublés par certaines révélations ou autres envies de partir loin du village de Côte d’Ivoire. Très lumineuses, les planches sont un plaisir à  regarder, autant que le traditionnel petit cahier bonus riche en recettes, notes et lexique.
En deux mots : grande réussite
De Abouet & Oubrerie aux éditions Gallimard (Bayou) – 140 pages – 16 €

IL ÉTAIT UNE FOIS EN FRANCE

Avec un titre en écho à  Il était une fois en Amérique de Sergio Leone, les auteurs placent la barre très haut en terme de référent pour leur histoire. Au bout des 56 pages de ce premier tome, force est de constater que Fabien Nury et Sylvain Vallée ont réussi haut la main leur pari. Personnages truculents, mise en scène soignée et dessins léchés, tout est en place dans cette série pour créer une grande fresque populaire où monsieur Joseph, ferrailleur juif illettré de son état, incarne un premier rôle des plus torves dans la France en guerre du XXe siècle, rien que ça !
En deux mots : nouveau western
De Nury & Vallée aux éditions Glénat – 56 pages – 13 €

AMàˆRE PATRIE

Habitué aux albums de prestiges au sein de la collection Aire Libre avec Franck Giroud ou en baroudeur solitaire, Lax innove avec Amère Patrie. Cette fois, l’auteur de l’Aigle sans orteils écrit pour un jeune dessinateur : Frédéric Blier. Avec un dessin puissant bien qu’encore inconstant, cette judicieuse collaboration narre en parallèle la vie de 2 personnages, l’un au fin fond de la France, l’autre en Afrique, bientôt happée par la Première Guerre mondiale. Prenant amplement son temps pour exposer ses héros en devenir, cette première partie ouvre des pistes pour la suite.
En deux mots : engagez-vous !
De Lax & Blier aux éditions Dupuis – 56 pages – 13,50 €

TROIS OMBRES

Joachim vit heureux avec ses parents dans un microcosme idyllique jusqu’à  l’apparition régulière et inquiétante de 3 ombres mystérieuses. Craignant pour la vie de son fils, Louis l’emmène en bateau vers son pays natal. Cyril Pedrosa a eu carte blanche pour fabriquer ce pavé : crayonnés violents, dosage savant du noir et blanc et découpage graphique sombre et émouvant marquent au fer ce drame familial. La petite larme est offerte à  la fin de l’ouvrage.
En deux mots : romantisme tourbillonnant
De Cyril Pedrosa aux éditions Delcourt (Shampooing) – 270 pages – 17,50 €

THORGAL T30

Peinture directe et paysages, la variété des décors amenés dans le récit par Yves Sente permettent à  Rosinski de s’éclater et de communiquer son bonheur au lecteur. Passé le côté cosmétique, cette première aventure de Jolan peine à  convaincre. D’une volonté de renouveler la série, le nouveau scénariste ne la rend pas pour autant plus moderne. Les dialogues sont cheap, le scénario initiatique reprend des ingrédients déjà  vus dans les autres tomes de Thorgal et malgré l’arrivée de nombreux personnages jeunes, Moi, Jolan parait bien vieillot.
En deux mots : modernisation laborieuse
De Sente & Rosinski aux éditions Le Lombard – 48 pages – 10 €

Précédents albums.