Des lectures en septembre (2)

L’AUTRE FIN DU MONDE

Faire un bouquin de plus de 1000 pages tiens de l’exploit. Mais en soi, ça n’a aucun intérêt si c’est uniquement par défi, encore faut-il avoir des choses a dire. Et des choses à  dire, a suggérer, à  faire découvrir, à  partager, Ibn Al Rabin en a un paquet. Un homme a perdu sa femme et voit son fantôme sans que celui-ci ne daigne échanger le moindre mot, un couple cherche le manuscrit perdu du grand père, un acteur débutant se croit extra-lucide, ajoutez à  ça un maire répressif et vous aurez un cocktail explosif. Tous ces personnages vont se croiser, se lier pour donner une histoire prenante et touchante, jamais ennuyeuse. L’émotion est présente en permanence, les larmes se mêlent au rire et la fin finira par donner une claque comme rarement nous avons eu en BD.
En deux mots : Sous le pavé, la classe

De Ibn Al Rabin aux éditions Atrabile – 1120 pages – 40 €

IPPO T1

Fils de pêcheur, Ippo est brimé par ses camarades. Un jour, un jeune boxeur lui vient en aide et déclenche chez lui l’envie de pratiquer ce sport et devenir pro. Cette excellente surprise se lit d’une traite et plaira aux béotiens de la boxe. Même s’il n’a pas des acquis comme Captain Tsubasa, Ippo est doté d’un potentiel qu’il doit travailler pour s’améliorer. Seul hic, le manga, toujours en cours, compte 81 tomes ! Un incroyable challenge que s’est lancé le prudent Kurokawa en signant un contrat pour les 30 premiers volumes, le temps d’analyser les ventes avant de continuer l’aventure… ou pas !
En deux mots : he’s hype !
De George Morikawa aux éditions Kurokawa – 190 pages – 6 €

MISS ENDICOTT T1

Dotée de son chapeau élégant et d’un port altier, Miss Endicott a tout d’une héroïne « so british ». Publié dans la renaissante collection Signé des éditions du Lombard, ce nouveau personnage créé par Jean-Christophe Derrien et Xavier Fourquemin a tout pour plaire. Le long des 77 pages de l’album, Prudence Endicott va se révéler comme une gouvernante pleine de charme le jour et une conciliatrice hors pair des tracas londoniens la nuit. Avec ce premier tome rythmé, les auteurs réussissent leur coup et livrent un titre au charme victorien certain, dans la droite ligne de la série Green Manor.
En deux mots : so british
De Fourquemin et Derrien aux éditions Lombard – 84 pages – 15 €

PYTHONS

Sur cette nouvelle série, Gabriel Delmas laisse au placard ses univers étranges et alambiqués pour raconter sur le dessin aérien et incisif de Joseph Lacroix l’histoire de deux rescapés, pourchassés par la police religieuse pour avoir survécu au Dragon. Autant dire qu’avec ses 38 planches, le récit se lit rapidement, mais laisse un très bon sentiment grâce à  un propos intéressant et à  des planches travaillées faisant la part belle aux plans spectaculaires.
En deux mots : Delmas pour tous
De Delmas et Lacroix aux éditions Carabas – 48 pages – 10 €

BIOTOPE T2

Avec ce deuxième volet de Biotope, Appollo et Brüno bouclent un récit enlevé et élégant dans la collection Poisson Pilote de Dargaud. Sorte de renouveau en bande dessinée de la culture blacksploitation dans un univers science-fiction, les deux auteurs se jouent des codes pour offrir une fable sur la nature humaine bien plus profonde qu’il n’y parait. Rehaussé par les couleurs tout en charme de Laurence Croix, Biotope est un diptyque inspiré à  ne pas louper.
En deux mots : black Eden
De Brüno et Appollo aux éditions Dargaud – 48 pages – 10 €

MIDNIGHT T1 et 2

La nuit, Midnight sillone les rues de la ville dans son taxi, la musique de Vanessa Paradis en moins. Chaque soir lui apporte anecdotes et aventures incongrues. Entretemps, sa compagne se meurt et il doit tout mettre en oeuvre pour la sauver. Partant de ce postulat, Osamu Tezuka fabrique un récit où les dénouements évoquent ceux présents dans Black Jack. Si le dilettante sera ravi par la prose narrative du mangaka, les assidus pourraient s’ennuyer avec ces airs de déjà -vu.
En deux mots : oil night
De Osamu Tezuka aux éditions Asuka – 288 pages – 8 €

LES GARDE-FOUS

Après l’exceptionnel Ne Touchez à  rien, Bezian revient chez Delcourt et raconte de nouveau une histoire où la maison tient le premier rôle. Son dessin est encore plus fin et ciselé, ses couleurs plus audacieuses, laissant place à  des planches où chaque case est forte en ambiance, où chaque ton suggère une émotion. Malgré cette prouesse graphique, l’histoire en huit clos de cette grande villa semble bien fade par rapport à  la cosmétique ambitieuse de la batisse. Une conclusion qui pourra laisser sur sa faim bien qu’elle n’enlève rien au plaisir visuel laissé par cet album.
En deux mots : meurtres en eaux douces
De Bézian aux éditions Delcourt – 82 pages – 16,50 €

BACK WORLD T1

Si vous avez toujours voulu voir une version de Matrix torchée par un réalisateur ouzbek bourré à  la vodka frelatée, Back World est fait pour vous. Puisant sans vergogne son inspiration dans l’univers et les figures de style du film des Wachowski, les auteurs tentent ici de mélanger le tout à  l’univers à  la mode des jeux vidéo en ligne, les dialogues lénifiants en prime. Au final, Back World se révèle être une vraie déception. Un constat résolument frustrant, Corbeyran et Rollin nous ayant habitués chacun de leur côté à  des albums bien plus intéressant.
En deux mots : Matrix Ouzbek
De Rollin et Corbeyran aux éditions Glénat – 48 pages – 12,50 €

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