Making of, documentaires, épisodes animés prennent leur pleine part à la vie des bandes dessinées sous forme de bonus DVD. De plus en plus fréquent, ce support semble devenir le nouveaux « plus produit » du moment. Wart a fait chauffer son lecteur dvd pour tirer un premier bilan.
Depuis quelques années le phénomène des DVD offerts en suppléments de certains tomes de bande dessinée s’étend de manière exponentielle. Le cahier de huit pages de croquis réservés aux premières éditions qui suffisait à appâter le lecteur, a désormais perdu quasiment toute force d’attractivité, étant perçu comme un minimum – à l’image des bonus accompagnant les films sortis en DVD.
Et quoi de mieux qu’un support numérique pour faire sortir du lot son bouquin ? Parmi ces nouveaux bonus, on dénombre trois grandes familles de suppléments sur DVD, allant du documentaire complémentaire aux making-of promotionnels en passant par les épisodes animés pour les mangas. Si le plus mémorable d’entre eux a vu le jour en 2006 avec le troisième tome du Photographe, proposant un documentaire précieux tourné par l’expédition de Médecins Sans Frontières, peu de DVDs bonus se révèlent autant indispensables à leurs bandes dessinées. Heureusement, que ce soit au prétexte d’un simple épisode animé ou d’un making-of sans trop d’intérêt, les éditeurs n’ont pour le moment pas abusé du support, et ont parfois mis en oeuvre des moyens considérables pour réaliser leurs suppléments vidéo : le film réalisé par Kanari pour la version spéciale de Largo Winch en est le meilleur exemple.
Les éditions collector-DVD de la fin de l’année
Avec les sorties du dixième tome de Sillage, du premier chapitre de Siegfried et de la version spéciale du dernier Largo Winch, Delcourt, Dargaud et Dupuis ont mis en avant trois suppléments DVD bien distincts dans des versions collector, en marge des tirages normaux. Si la version spéciale Siegfried, la nouvelle série d’Alex Alice, trouve son intérêt dans son supplément de 72 pages de dessins et d’interview, le DVD propose l’extrait animé du projet de film d’animation, sans menu ni commentaires. Une déception quand on sait que les trois minutes de film sont disponibles librement sur le site de l’éditeur !
À mi-chemin, le documentaire présent au sein de la version spéciale du Sillage tome 10 mêle une interview inédite du scénariste couplée et des extraits d’un documentaire réalisé il y a quelques années pour la télévision sur l’atelier 510 ttc. Inséré au sein d’un collector assez limité avec un petit carnet de croquis, le prix du tirage à 30 € suffit à convaincre que, des trois collectors de cette fin d’année, celui de Jean David Morvan et Philippe Buchet est le moins attractif.
A l’opposé, la version spéciale de Largo Winch. Contre 25 €, l’album passe en grand format, propose un cahier making-of très instructif, cinq tirés à part, une page crayonnée du prochain tome de la série de Van Hamme et Francq ainsi qu’un transparent encré pour s’amuser à comparer l’avant/après sur une page colorisée. Le DVD, inséré au sein de la couverture comme s’il en faisait partie intégrante, propose un film documentaire d’une heure et demie sur la création du tome et plus généralement du diptyque chinois. De l’idée de départ aux repérages à Hong Kong ou Saint-Malo, l’équipe a suivi les auteurs chez eux, à l’étranger, au téléphone et en livre le fruit dans un docu très intéressant, bien qu’un petit peu monotone, surtout dans sa première partie. À travers les entretiens le film met en lumière différentes facettes des auteurs, le coloriste Fred Besson, le génial Philippe Francq, et un Van Hamme parfois irritant.
Un support en passe de se normaliser
Si ces trois albums mettent le plus en avant leur supplément DVD avec des versions spécifiques, d’autres livres, pourvus de bonus comparables, sont attendus, à l’image de Rex Steele, annoncé en librairie ce mois-ci aux éditions Akiléos. En plus des petits « plus » habituels, le support devrait offrir le pilote animé qui a découlé de cette bande dessinée américaine. En 2008, la valse continue avec des épisodes animés annoncés au sein du premier tome du manga Golden Boy ou du tome 7 de Mushishi.
Si ces « plus produit » deviennent de plus en plus courants, la tendance inclue évidemment les autres types de bonus numériques tels le CD audio mis en vente avec l’album de bande dessinée des 20 ans de France Info ou les musiques accompagnant certains tomes du manga Beck. Films docu, making-of, épisodes, bandes sonores, autant de nouveautés numériques qui, à l’heure du net et de la transversalité des supports, s’imposent le plus naturellement du monde dans le paysage de la bande dessinée. Ne manque plus qu’un bon porno pour le prochain album de Serpieri pour illustrer plus que jamais ce nouveau pont culturel.