Des lectures en mai (1)

L’ALLIGATOR

Dans la tradition du roman noir, ce polar en bichromie est un cocktail d’ambiances, servi à  merveille par les effets de lumière du dessinateur Igort. Sur un scénario de l’écrivain Massimo Carlotto, on se plonge dans des histoires d’amour, de flingues et de magouilles, aux côtés d’un privé épaulé par un altermondialiste et un truand à  l’ancienne. 130 planches de bonheur, bercées par la voix d’un narrateur qui résonne encore dans nos oreilles.
En deux mots : la grande classe
De Igort et Carlotto aux éditions Casterman – 146 pages – 13€

MY WAY

Sept petites histoires autour de l’amour et du bonheur, plongées dans des ambiances colorées très différentes. Le travail graphique est ultra séduisant par son côté onirique. Malheureusement, les illustrations enrobées de douceur sont plombées par une morale systématique et des textes complémentaires qui alourdissent énormément les histoires. Si bien que la légèreté fait trop rapidement place à  l’étouffement.
En deux mots : Sois belle et tais-toi
De Ji Di aux éditions Xiao Pan – 130 pages – 12,50€

ZORN ET DIRNA T4

Dans un monde où seuls 2 enfants peuvent donner la mort sans absorber l’âme de la victime, nombreuses sont les situations cocasses et sanglantes ! Bien que ce quatrième tome ait un rythme un peu lent, il marque le coup d’envoi de la conclusion tant attendue. A noter que la première édition est accompagnée d’un cahier de 16 pages de dessins bonus.
En deux mots : Qui est qui ?
De Morvan et Bessadi aux éditions Soleil – 48 pages – 13€

LA COLERE DANS L’EAU

Avec seulement trente-deux pages, David De Thuin, auteur de la très bonne série Le Roi des Bourdons, nous conte le destin de David, exilé avec sa famille à  l’étranger. Nous y voyons comment une vie peut basculer très vite sans que l’on ait le temps de s’en apercevoir. Quelles sont nos priorités face au danger ? Comment évolue alors notre vision des autres et de la vie ? Que sommes-nous face aux éléments ? Autant de questions qui trouvent des bouts de réponses dans cette bande-dessinée autoéditée.
En deux mots : Court, mais intense
De David de Thuin en auto-édition – 32 pages – 7,50€

LE CIEL AU-DESSUS DE BRUXELLES T2

Il faut le dire, l’a priori n’était pas très positif sur cet album qui clôt le diptyque inspiré à  Yslaire par la guerre en Irak. Un mélange d’images guerrières mêlé à  des scènes de sexe abondantes entre un Juif et une Arabe, c’est moins sexy que ça en a l’air… Et pourtant, une fois plongé dans la lecture, la magie opère. Une vraie ambiance se lève et on se laisse porter par la poésie.
En deux mots : Pari gagné, pari risqué
De Bernar Yslaire aux éditions Futuropolis – 96 pages – 16€

ELLE(S)

Nous attendions une claque graphique, nous sommes servis ! Bastien Vivès fournit un dessin généreux, fluide, ultra glamour qui aura du mal a laisser insensible (mon album se balade d’ailleurs entre les mains de copines qui ne lisent jamais de BD.) Pour ce qui est de l’histoire, disons que l’anecdote se suffit à  elle-même, bâtie autour d’une tranche de vie qui ne restera cependant pas impérissable. Mais la vache, qu’est-ce que c’est beau !
En deux mots : Des atouts très généreux
De Bastien Vivès aux éditions Casterman (KSTR) – 112 pages – 10€

MISSING

Quand on sait que Will Argunas fait croire qu’il est américain, il ne faut pas s’étonner de découvrir un livre bâti comme un épisode de série télé américaine ! Entre NYPD Blues et FBI : Portés disparus, cette aventure qui à  comme point de départ une disparition dégage un côté cheap plaisant, qui nous projette aux côtés de policiers ordinaires, dans des décors américains plus vrais que nature.
En deux mots : Really american
De Will Argunas aux éditions Casterman (Kstr) – 152 pages – 10€

ANGLE MORT

Claque visuelle, ambiances noire dans une Bruxelles loin des clichés, Angle Mort est la grosse surprise de la première livraison KSTR. Puissant, le récit en vue subjective va séduire les inconditionnels du polar tout comme les fous d’expérimentations graphiques. Et si vous êtes de ces deux bords, voici pour vous un album tout simplement incontournable.
En deux mots : Le meilleur angle d’attaque
De Fonteneau et Balez aux éditions Casterman (Kstr) – 112 pages – 10€

REGARDS CROISES

La déception ! Derrière un parti pris esthétique séduisant et engagé (chaque personnage promène avec lui un thème coloré, ce qui nous donne des planches patchwork de vert, de jaune ou encore de violet), l’histoire n’arrive pas à  convaincre, la sauce ne prend pas, et on reste à  la porte de l’immeuble tout le long du récit.
En deux mots : Regards fuyants
De Aris et Cadène aux éditions Casterman (Kstr) – 120 pages – 10€

AMER BETON

L’histoire de deux enfants livrés à  eux même dans une ville dont ils sont l’âme. Un bon gros pavé sur l’évolution individuelle, l’évolution des mœurs, l’équilibre… Bien que plus vieille que l’excellent Ping-Pong, du même auteur, cette histoire est bien plus complète. Une œuvre plus jeune qui était déjà  bien aboutie.
En deux mots : Blanko et Noiro
De Taiyou Matsumoto aux éditions Tonkam – 640 pages – 27,50€