Giacomo Foscari, romantisme made in Yamazaki

Mari Yamazaki adore l’Italie. La mangaka l’a prouvé avec Thermae Romae, saga en six tomes où un architecte spécialisé dans les thermes sous le règne d’Hadrien est propulsé dans le Japon contemporain d’où il rapporte des innovations fatalement anachroniques. Avec Giacomo Foscari, l’auteure bâtit de nouveau un pont entre le Japon et l’Italie.
Par Mari Yamazaki, chez Rue de Sèvres
La mangaka mise beaucoup sur les jeux de regards

[dropcap size=dropcap-big]O[/dropcap]ubliez les facéties d’un Romain plongé en plein Japon contemporain ; Giacomo Foscari n’est pas du genre à  jouer le rigolo de service. Intellectuel, cet italien a connu la montée du fascisme dans son pays avant de rejoindre le Japon dans les années 60, où il enseigna l’histoire occidentale aux doctorants. On le découvre en 1993, retraité, se promenant dans les rues de Tokyo, se remémorant diverses périodes de sa vie, qui bout à  bout brossent un portrait élégant, celui d’un homme, mais aussi de deux pays au fil des ans.

Lors de ses années d’enseignement, Giacomo a coutume de boire un thé au Palma, d’y écouter les disques de Maria Callas tout en observant le beau et jeune serveur Koga. Que ce soit dans les rapports que Giacomo entretient avec les autres, comme dans les époques parfois troubles qu’il traverse, Mari Yamazaki conçoit une œuvre subtile et délicate, mais dont le romantisme ennuie parfois. Certes, le soin porté à  chaque personnage est patent, comme l’est celui offert à  chacune des scènes du livre. Mais, au bout du compte, il ne se passe pas grand-chose dans ce premier volume de Giacomo Foscari, malgré 192 pages divisées en six chapitres.

Long, lent, le récit est contemplatif au point qu’on ne s’intéresse même plus à  cette statue du dieu Mercure transmise de père en fils, ou à  ce vieux stylo, offert à  Giacomo par un ami d’enfance, qu’on retrouve bizarrement en possession de Koga. S’il est difficile de rapprocher cette nouvelle œuvre de Thermae Romae – les deux n’ont finalement en commun que deux pays –, Giacomo Foscari reste bien moins addictif et finalement un brin assommant.

Giacomo Foscari #1, Mari Yamazaki, Rue de Sèvres, 12,50 €.

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Images é Mari Yamazaki, Shueisha Creative Inc. 2012.