Iron Man 3 ? Un peu de hauts, beaucoup de bas

I En initiant la deuxième phase de films Marvel, Iron Man 3 cristallise deux enjeux. D’un côté, ne pas décevoir après l’invasion extraterrestre de New York vue dans Avengers, de l’autre ne pas tomber dans la surenchère pour faire un bon Iron Man. Un défi schizophrène, à  l’image du film.

Cet avis ne contient pas de spoilers sur le film.

[dropcap size=dropcap-big]à‡[/dropcap]a démarre pourtant pas mal. Tony Stark, en voix off, se remémore une nuit helvétique dont les évènements déteignent sur le présent, alors que les États-Unis sont victimes du Mandarin, sorte de Ben Laden bariolé revendiquant attentat sur attentat. Exit la menace d’outre-espace, l’ennemi a taille humaine et semble privilégier les massacres à  la bombe plutôt que l’invasion cosmique. Cette économie de grandiloquence est la seule chose cohérente, puisqu’à  de très rares moments le Iron Man 3 de Shane Black (L’Arme Fatale, Kiss kiss bang bang) tape dans l’ultra-spectaculaire, quitte à  faire du long-métrage une aventure moins riche en action que les deux précédents opus.

Très tôt, le film prend une coloration polar, avec un Tony Stark fragilisé par des crises d’angoisse, traumatisé depuis l’invasion de New York. Problème, ces moments plus sombres, introspectifs, sont cassés par des punch lines bien senties, qui si elles font mouche – on rigole beaucoup dans cet Iron Man 3 –, désamorcent systématiquement toute tension dramatique. Du coup, on n’a jamais peur pour les personnages, comme on pouvait flipper pour eux dans un Dark Knight Rises, et les scènes censées nous piquer au vif n’ont absolument aucun effet, si ce n’est celui du ridicule.

iron-man-3-posterIron Man 3 réédite le schéma angoisse-humour tout au long du film, jonglant bizarrement entre les ambiances. Si le résultat est correct, jouant la carte du film pop-corn rigolard, on a le sentiment que l’équipe n’est pas allée au fond des choses et a eu peur d’explorer plus avant un Tony Stark au bout du rouleau, crevé par les insomnies. D’ailleurs, on ne le voit jamais noyer son mal-être dans l’alcool, qui sert pourtant de refuge au personnage de comic. Et qu’on ne dise pas que ce genre de choix est impossible dans un film grand public américain : le capitaine Haddock est à  l’aise avec la bouteille dans l’adaptation ciné de Tintin !

Si, à  la sortie de la salle, on retient un Mandarin inattendu et bien troussé, un Tony plus secoué qu’on ne le pensait par les évènements d’Avengers, et un vernis vintage, qui rappelle les films policiers des années 90, la déception prend vite le dessus face à  un volet qui souffle le chaud et le froid, convoque la comédie pour étouffer tout moment trop sombre, et n’apporte, à  l’évidence, aucun élément sur la phase 2 qui conduira à  Avengers 2. C’est simple, on n’entend pas vraiment parler du SHIELD, malgré la menace terroriste qui pèse sur le président des États-Unis et on ignore où sont les autres Avengers, si bien que l’épisode aurait pu prendre place entre Iron Man 1 et Iron Man 2.

Résultat, Iron Man 3 est un film frustrant, gavé d’ingrédients remarquables, mais dont la recette est balayée en route par un humour qui prend des allures de sortie de secours trop opportune…

Iron Man 3, de Shane Black, avec Robert Downey Jr., Gwyneth Paltrow, Ben Kingsley… Sorti le 24 avril 2013.

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Ce qu’en pense Troubadour :

Quand on a un personnage comme TONY STARK, faut pas jouer à  STAR WARS  avec et le noyer dans une foule de séquences interminables où les membres du sénat font mine d’interdire le mariage gay alors qu’ils préparent la dictature… faut lui coller au cul et c’est ce que fait SHANE (KISS KISS BANG BANG) BLACK ici. Of course, faut aussi accrocher les wagons des studios MARVEL avec cette vieille maladie qui a causé beaucoup de mal aux COMICS – la continuité, ici avec la PHASE 2 (THOR 2, CAP AMERICA 2 et AVENGERS 2 et GUARDIANS OF THE GALAXY, l’histoire d’un raton laveur dans l’espace avec ses potes… mouais). Mais SHANE BLACK l’a joué un petit peu solo sur ce coup-là  – thanx god. Il va chercher l’histoire qui a jumpstarté la licence IRON MAN : EXTREMIS par WARREN ELLIS et ADI GRANOV – lequel sera embauché par JON FAVREAU pour designer l’armure et le look du film (geek mode – on attend toujours la suite du comic qu’ils avaient commencé tous les deux IRON MAN : VIVA LAS VEGAS… allez voir sur Google et pleurez… – geek mode off). Le film a la SHANE BLACK TOUCH, ça se passe à  Noël et l’impensable arrive toujours, ça a même un petit coté AU REVOIR, À JAMAIS avec SAMUEL  L. JACKSON. On nage en pleine nostalgie des années 90, le début du film se paye même le bug de l’an 2000… et des méchants en costume avec catogan dans une villa. Du coup, ça ressemble plus à  un vrai film, qu’à  un film de superhéros… et c’est pas plus mal. Ils auraient dû intituler ce film TONY STARK : I’M IRON MAN.