Perry Rhodan… Ce nom ne vous dit rien ? Nous non plus. Pourtant, ce héros de romans SF initiés par K.-H. Scheer est une icône en Allemagne où 2500 épisodes feuilletons sont parus, couvrant plusieurs millénaires d’aventure… Ce bon vieux Perry passé toutes ces années ne ressemble pourtant pas à Giscard, mais à un beau gosse blond aux yeux bleus. Comment est-ce possible ? Le garçon jouit de l’immortalité relative, qui permet à ses cellules de ne pas vieillir. Un atout qui vaut toutes les crèmes L’Oréal Revitalift du monde.
C’est dans la peau du résident Rhodan, leader du peuple Terranien que nous sommes lâchés à l’aventure. La résidence solaire, sorte de palais flottant, vient d’être attaquée par des robots d’origine inconnue. Un fait inquiétant, quand le terrain de jeu de la saga se mesure à l’échelle galactique, avec des tas d’espèces extra-terrestres différentes dont certaines sont à découvrir dans le jeu. Les plus rigolos sont les bleus, sorte de cookies à pattes qui parlent comme s’ils s’étaient pris un peu trop de coups de pieds dans les noix. Cela pour dire que le doublage, bien que convainquant dans l’ensemble, n’est pas inoubliable et franchement pénible pour certains types de personnages.
Avec un background richissime puisant dans l’histoire de la saga, le néophyte a intérêt de visiter avec attention la galerie museum de la résidence où l’Histoire Terranienne est évoquée en texte et en images. Bien que surpuissant politiquement – il serait trop simple d’envoyer ses armées raser toute forme de vie agaçante –, Rhodan est « pour sa sécurité » cloitré dans ses appartements, protégé par des soldats un peu trop zélés. La première mission consiste à s’extraire de la cage dorée pour se lancer sur les traces Mondra Diamond, l’amie chapardée par l’envahisseur métallique sur les hauteurs du palais. À l’aide de quelques éléments récoltés ici ou là , on met vite à jour un complot, doublé de trahisons en tout genre.
Un gameplay loin d’être futuriste
En pleine action, Perry Rhodan : le mythe des Illochim reprend tous les ingrédients du point & clic qui ont fait les beaux jours des jeux LucasArts. Le jeu est même très pédagogique, jouant avec le monde ultra-technologique pour fournir une aide maquillée. En appuyant sur « S », une sorte de balayage radar opère sur l’écran pour révéler tous les éléments cliquables. Si cela se justifie par l’attirail hi-tech du héros, l’utilisation continue de ce « pouvoir » facilite un peu trop la tâche. L’interaction avec les personnages est d’ailleurs réduite à son minimum : pas de lignes de dialogues à sélectionner, mais des icônes symbolisant personnes, thèmes ou objets servent à interagir avec les personnages non joueur. Il suffit, un peu bêtement, de coller chacune de ces images sous le nez de n’importe qui pour débloquer de nouveaux thèmes et faire avancer l’intrigue.
Si question gameplay, Perry Rhodan ne révolutionne pas le genre et se contente du minimum syndical, le jeu tire l’essentiel de son intérêt dans son graphisme et son background. Dès les premières minutes, on est immergé dans un monde futuriste, détenteurs de grandes responsabilités – le bureau de Rhodan doit être aussi grand que celui du maire de Paris. Les décors sont somptueux et le soin apporté à leur animation, particulièrement savoureux. C’est un détail, mais voir des dizaines de vaisseaux voler en arrière-plan fait toujours son petit effet.
La variété géographique est aussi de mise. Des intérieurs du palais à ses balcons avec vue plongeante sur l’immense ville, aux abords de l’université tout en rondeur ou encore dans les soubassements d’une planète Arkonide ; sorte de ville cachée aux dimensions inconcevables qui rappelle pas mal l’univers du Blame de Nihei ou même la BD franco-belge Ascensions de Bouss.
Une réalisation au top
Avec des doublages de personnages secondaires moyens, un gameplay plan-plan et une ultra-linéarité parfois bizarre – on ne peut pas utiliser une lampe sur un couloir noir, car elle doit servir à un autre endroit tout aussi sombre –, Perry Rhodan pourrait être une vraie déception. Pourtant, la richesse de son univers, bien mise en avant par des partis-pris esthétiques ambitieux et des décors mis en valeur par des plans originaux, est propice à une immersion qui fait toute la différence. Perry Rhodan n’est pas une révolution, mais un bon jeu d’aventures de science-fiction servi par une réalisation impeccable. À l’heure où le jeu d’aventure est écrasé par les nombreux FPS sans personnalité, Perry Rhodan : le mythe des Illochim séduira les amateurs du genre sans chambouler pour autant leurs habitudes de jeux.
JK