Killers est le premier film du réalisateur Mike Mendez (aucun lien de parenté), à qui l’on doit depuis Le Couvent (2000) et The Gravedancers (2006). Mike Mendez (voir photo) est un grand fan de films d’horreur et ne cache pas sa préférence pour Evil Dead 2. Quand bien même il ne serait que peu satisfait de son premier film, nous vous le présentons derechef car il mérite le détour.
Le film a été publié en 1996, directement en vidéo (et même pas en DVD). Le budget minimaliste du film (100 000 US$) et son scénario de fou, stricto sensu, donnent un résultat des plus jouissifs ! L’histoire est en effet celle des deux frères Odessa et Kyle James, considérés comme les plus dangereux tueurs que l’Amérique ait engendrés. Condamnés à mort pour avoir, entre autres, tué leurs parents en pleine nuit et de sang froid, les deux frangins font des carnages avec un magnifique maquillage digne du Visual Kei. Quand le film commence, nos deux « héros » se sont échappés du couloir de la mort et décident de prendre en otage une famille tout ce qu’il y a de plus simple. Le hasard, qui rappelons-le fait toujours bien les choses les fait atterrir chez les Ryan, et c’est là que tout bascule : les frères James découvrent à leurs dépends qu’il y a bien pire qu’eux.
De fait, la famille Ryan est loin, très loin d’être une famille « normale ». Le père est un ancien béret vert psychotique du Viet-Nam, qui abuse de sa fille accro au sexe, tandis que la mère est une experte dans la réalisation de plats cuisinés à base de chair humaine. Tous trois sont fichés au banditisme, et leur maison recèle bien des surprises. Durant environ une heure (sur une heure et demie de film, le temps que ça commence), le spectateur est trimbalé de surprises en découvertes toutes plus incohérentes les unes que les autres. Le ton sérieux du début du film ne fait pas long feu, tant les dernières révélations sont grotesques (dans le bon sens du terme), mais c’est tant mieux, car Killers évite ainsi l’écueil de n’être qu’un mauvais film d’action. Evidemment, tout finit en bain de sang complet, d’une manière exaltante.
Le film est sorti aux Etats-Unis sous le titre Real Killers, et en France sous le nom Serial Killers. Là où on se rend vraiment compte que Mendez a fait fort, c’est quand il raconte dans une interview que chacun des pays qui a acheté le film en a fait une version différente. « Nous avons réussi à trouver quelque chose d’offensant pour tout le monde ! » se targue-t-il : le cannibalisme pour les uns, les scènes avec les enfants pour d’autres, le final aux Etats-Unis…
Ce serait sans doute mentir que de dire de Killers que c’est un bon film, cinématographiquement parlant. Toutefois, les amateurs de séries Z que nous sommes ne peuvent que se ruer dessus s’ils le trouvent à la vente quelque part car, sorti directement et uniquement en VHS, le film (trouvable toutefois sur Amazon) fait de nos jours office de relique. L’histoire et le traitement qui en est fait méritent de se voir accorder un visionnage. Dépaysement garanti, et malgré toutes les horreurs du film, on en ressort joyeux. Mendez a réussi à passer outre la « simple » débauche de violence pour faire de son métrage une pièce comique grand-guignolesque. C’est un peu le syndrome du chevalier noir des Monty Python qui ne devient vraiment très drôle qu’à partir du moment où il perd sa première jambe, vous me suivez ?
Bill Razor