La bande dessinée, les livres qui en parlent

Même si pour beaucoup la bande dessinée n’est rien de plus qu’un loisir divertissant, il n’en reste pas moins pour d’autres un média important qui suscite réflexions et analyses. Parler de bande dessinée, parler du média et des auteurs comme du paysage éditorial et du marché, autant de thémes largement évoqués dans plusieurs ouvrages récents que nous vous présentons. Une liste des derniers titres qui, plutôt que de faire de la BD, préfèrent en parler !

Dirigée pour la première fois par Jean-Paul Jannequin, la revue des éditions Groinge ne change pas sa formule. Ce numéro mêle textes et planches sur la bande dessinée avec notamment des écrits sur la BD d’auteur, une critique du deuxième numéro de l’éprouvette et notamment un texte ironique signé Wandrille, auteur-éditeur chez Warum ou un autre de Fafé qui se demande si le principe du carnet quotidien peut mener à  une narration. Mais pour les allergiques des grandes questions ou de la critique, le comix club propose plusieurs entretiens comme celui avec Kochalka ou celui de Nylso dans le cadre d’un large sujet qui lui est consacré.

Et là  vous vous dites, mais quelle arnaque, ils nous refont le sommaire comme des gros feignants le cul moulé dans leur chaise avec un verre de bière tiède à  la main. Cruels lecteurs… Bien que varié, ce numéro sans Big Ben nous a paru moins dense. On regrette la disparition de la rubrique « Après la douche », qui passait en revue les publications marquante sous forme de carnet de bord. Mais bon, peut-être aussi que les thématiques abordées dans le numéro sont moins passionnantes que les précédentes, mais ça c’est à  la discrétion de chacun.
Comix Club n°4 – collectif – éditions Groinge – 150 pages – 14€ – Parution en février 2007

Dans ce troisième et dernier numéro dont nous vous avons déjà  parlé, JC Menu et ses amis se font plaisir en explosant la pagination pour pas un centime de plus et nous proposent un voyage découverte à  travers articles, analyses, entretiens ou échanges de mails. Placé sous le signe de l’autocritique, ce point final à  l’aventure éprouvette livre tout de même une dernière extension aux plates bandes, l’essai polémique de JC Menu.
L’éprouvette n°3 – collectif – éditions L’Association – 576 pages – 20€ – Paru en février 2007

Avec cet essai sur le média, Thierry Groensteen, qui a été, pendant 8 ans directeur du musée de la bande dessinée d’Angoulême, évoque la difficile question de la condition de la BD. Est-elle un art ? Pourquoi reste t-elle peu médiatisée et peu considérée ? L’auteur propose des réponses et expose dès le deuxième chapitre les 5 handicaps dont souffre la bande dessinée : l’infantilisme, le mélange du texte et de l’image, l’héritage amusant et divertissant, ne pas suivre l’évolution de l’art et enfin le fait que la BD imprimée soit l’œuvre en tant que telle, et non ses originaux.

Avec 9 chapitres divisés en sections, parmi lesquels « La Trahison des éditeurs », « Bulles d’Etat » ou « Phases critiques » Groensteen propose un ouvrage très clair, agréable à  lire et surtout très intéressant. Bien sûr, impossible d’être d’accord avec tout, comme lorsque l’auteur évoque dans le chapitre « Manga et Fantasy » l’absence d’exception culturelle en BD, se référant aux quotas mis en place dans l’industrie cinématographique… Mais malgré cela, si la peur de textes très portés « branlette intellectuelle » vous fait fuir, vous allez être ravis avec ce livre documenté et accessible.
Un objet culturel non identifié – Thierry Groensteen – éditions de l’an 2 – 210 pages – 20€ – Paru en novembre 2006

On retrouve Thierry Groensteen dans sa revue annuelle passée depuis l’an dernier dans un petit format épais. Autour d’un énorme dossier consacré à  Lewis Trondheim (mais sans l’auteur, qui a refusé de donner un entretien à  la revue) fait d’articles, d’analyses et d’hommages, on se régale à  la lecture de l’interview du trop rare Druillet, actuellement au travail sur le tome 2 de Delirius servi par un scénario de Benjamin Legrand, adapté des idées de Lob.

Dans une partie plus technique, bien qu’elle aussi abondamment illustrée, Smolderen et Groensteen écrivent des textes autour de la mise en page en bande dessinée. Mais le gros point fort de cette revue est clairement son eclectisme. Il y en a vraiment pour tous les goûts et toutes les sensibilités. De « BD et Philosophie » à  un dossier sur la bande dessinée chinoise composé d’un reportage, d’une interview et d’un récit complet !

Enfin, il serait idiot de ne pas signaler l’article d’Erwin Dejasse et Frédéric Pâques sur les blogs BD et les nouvelles possibilités qu’ils offrent. Jusqu’à  présent, nombre de publications qui « parlent de BD », se présentant même comme d’avant-garde, ont toujours boudé Internet, faisant même comme si le média n’existait pas. Avec un article sur le sujet, Neuvième art parle enfin de ce qui est sans doute à  l’heure actuelle le plus vaste et riche lieu d’exposition immédiate de BD qui existe.
Neuvième Art n°13 – collectif – éditions de l’an 2 – 285 pages – 20€ – Paru en janvier 2007

On n’y a pas encore jeté un œil :

Jade 2583U – collectif – éditions 6 pieds sous terre – 40 pages – 6€ – Paru en février 2007

Bananas n°2 – collectif – éditions Bananas – pagination inconnue – 15€ – Paru en novembre 2006

L’étang et les spasmes dans la bande dessinée – Pierre Yves Lador – éditions Castagniééé – 376pages – 16€ – A paraitre en mars 2007