Il faudra attendre les années 2150 pour enfin voir des voitures voler, des humains augmentés de bras cybernétiques super cool et s’offrir du bon temps sur les toits de gratte-ciel abritant de beaux et verdoyants jardins. Un futur parfait, si seulement l’eau ne s’était pas mise à geler entre -6 et -16°C, entraînant la plus grande montée des eaux qu’ait connue la planète…

Optimistes, les scientifiques pensaient que la totalité des glaciers disparaîtrait en moins d’un semestre. En vrai, il n’aura fallu que quelques heures avant que des vagues gigantesques ne précipitent l’humanité au fond des mers. Bruno Daix, membre de la section Subaqua de l’Armée Unifiée d’Europe Méridionale, n’a même pas eu le temps d’enquêter sur ce phénomène, trop atypique pour être naturel. Seulement, qui sur Terre a le pouvoir de modifier les propriétés physiques de l’eau ? Et pourquoi, après le passage des tsunamis, les villes sont mystérieusement expurgées des cadavres des victimes ?
Adaptée d’un des romans de Stephan Wul, cette histoire d’anticipation écrite en 1957 est on ne peut plus d’actualité, puisqu’elle évoque les dégâts provoqués par le réchauffement climatique. Ce qui n’empêche pas Lapière et Reynès de toiletter la matière d’origine, oubliant notamment l’Afrance, nation futuriste fusionnant France, Maghreb et Afrique noire, pour n’évoquer qu’une « Armée Unifiée d’Europe Méridionale ». Portée par un duo d’auteurs vu à l’œuvre sur Alter Ego, la première partie de ce diptyque en met plein la vue, grâce à des décors généreux, tantôt paisibles avec de l’eau à perte de vue, tantôt fourmillant de détails avec des arrière-plans gavés de personnages. Pourtant, malgré la rudesse des évènements, l’ambiance reste bizarrement bon enfant, loin d’être aussi sombre et sordide qu’un Niourk de Vatine, laissant planer un doux parfum de série B à mettre entre toutes les mains, grâce à un casting sympa. Ce qui n’empêche pas de regretter un poil le choix des auteurs, concentrés sur l’action, quitte à mettre en scène des personnages dont la présence est pour l’instant anecdotique, comme la jolie Kou-Sien Tchei.
En passant, si les univers de Wul sont loin de vous laisser indifférent, Ankama poursuivra son travail d’adaptation en 2014, avec la parution de Rayons pour Sidar (Mangin-Civiello), Retour à zéro (Smolderen-Bourlaud), Le Temple du passé (Hubert-Le Roux), sans oublier les ultimes tomes de Piège sur Zarkass, Niourk et La Peur géante.
La Peur géante #1/2, La Révolte des océans, Mathieu Reynès, Denis Lapière, Ankama, 13,90 euros, 24 octobre 2013.
é Ankama, Reynès, Lapière.