Après avoir traîné quelque 8 tomes dans les Étoiles, on attendait le retour de Lanfeust sur Troy avec une rare impatience. Faut dire que Lanfeust de Troy est une de ces séries a avoir plongé nombre de lecteurs – dont votre capitaine – dans la bande dessinée, et qui reste à ce jour un des monuments de la fantasy en France. Seulement, après avoir reposé les 65 planches de L’Énigme Or-Azur, première partie du diptyque introductif de la nouvelle série publiée par Soleil dès le 10 novembre, on constate deux choses. Que Lanfeust Odyssey ressemble plus à un remake de Lanfeust de Troy qu’à une nouvelle série et qu’on comprend pourquoi l’album n’a pas été prépublié dans Lanfeust Mag tant il déçoit.
Remake, pourquoi ? Parce que Cixi restée dans les étoiles, Christophe Arleston et Didier Tarquin lui ont trouvé une remplaçante avec la fille de C’ian et du baron Or-Azur. Le nom de cette brune espiègle, toute de rouge vêtue comme sa tata ? Cixi ! OK, à une certaine époque il était courant de donner le nom de proches à sa progéniture, mais la ficelle est un peu grosse. Plus étonnant, les radotages du scénario. Comme dans le tout premier Lanfeust, les auteurs prennent du temps pour nous expliquer que sur Troy, la magie ne marche qu’en présence de sages, que tous les habitants ont un pouvoir, que c’est mal vu dans les baronnies. à‡a donne des dialogues déjà vus et des situations qui rendent les personnages idiots. Ainsi, Hébus qui essaye de frapper son nouveau maître après avoir été enchanté, et se rend compte que s’est impossible ainsi envoûté. Et que dire de Lanfeust, encore plus débile et guignol qu’à ses débuts, réduits à suivre des cours au conservatoire d’Eckmül, faute d’aventures consistantes à se mettre sous la dent dans un tome où finalement il ne se passe pas grand-chose. Quand même, on apprend que le vénérable Nicolède a ouvert les amphis aux femmes, ce qui semble surtout permettre à Tarquin de dessiner des babes à gros seins à tous les coins de pages.
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Sourires cartoons, couleur numériques, graphiquement, Lanfeust a pris son plus gros virage depuis les débuts. Si ça choquera les puristes, ça ne nous a pas posé de souci à la lecture, au contraire. Seulement, à qui s’adresse Lanfeust Odyssey ? Est-ce un calibrage pour le marché américain ? On se le demande tant l’album ressemble à une parodie de Lanfeust de Troy, expurgée des scènes gores – elles sont ici suggérées –, des scènes de nu, et où l’humour semble plus passer par les visages cartoon des personnages que par les bons mots. Clairement positionné pour conquérir de nouveaux lecteurs, on conseillera à ceux-là de s’orienter sur Lanfeust de Troy, en tous points supérieur. Pour les amateurs de la série, que leur dire d’autre sinon que Lanfeust Odyssey est à la bande dessinée ce que Les Visiteurs en Amérique sont au cinéma…