Léon-la-terreur en intégrale : un pavé maniéré et subversif

Si à  première vue, Léon Van Oukel est un monsieur propre sur lui, bien habillé, raffiné et distingué, il se révèle au quotidien absolument épouvantable, borné, obsédé, dégueulasse et outrageusement porté sur les déjections. On doit cette créature aux Belges Wim T. Schippers et Theo Van Den Boogaard, qui l’ont animé à  la fin des années 80 dans l’Écho des savanes, dans de nombreuses histoires courtes.

Dans un style des plus classiques – on trouve quelques clins d’œil au héros d’Hergé –, les auteurs offrent à  Léon, richissime dandy excentrique, des positions corporelles improbables, à  elles seules anthologiques. Sur ce vernis classique, de nombreux gags tapent dans le subversif, certains n’hésitant pas à  aller sur les sentiers casse-gueule de la pédophilie.

Parmi les thèmes récurrents, Léon manque sans cesse de se faire renverser par tout un tas de véhicules, se passionne pour la banque du sperme ou est victime de crises existentialistes, d’hypocondrie, sans compter sa curiosité pour les machines à  laver. Tantôt généreux, tantôt radin, le personnage va faire la rencontre d’une lesbienne féministe, de policiers baraqués et gays et d’une multitude de serveurs de café, qu’il prend un malin plaisir à  rendre dingues. Si les auteurs surfent sur des clichés, c’est pour mieux en rire, surtout qu’à  côté de la folie douce de Léon, n’importe lequel d’entre eux paraît dérisoire. Autant le dire, ce genre d’humour parfois gras, scato et borderline n’est pas consensuel et ne plaira pas à  tout le monde. Mais pour 15 euros, cette intégrale petit format de plus de 200 pages met en spectacle un des personnages les plus iconoclastes de la BD.



Les images sont é Drugstore, Van Den Boogaard, Schippers.