Lobbying contre la loi Lang : à  quoi joue Amazon ?

En juin, des députés de la majorité parlementaire étaient sur le point de déposer un amendement modifiant substantiellement la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre. Cette loi impose un prix unique à  tous les libraires de France, permettant d’assurer une bibliodiversité relative et la survie des libraires indépendants face aux grandes chaînes comme Leclerc, Fnac ou encore Amazon. L’amendement prévoyait de rabaisser le délai de solde des ouvrages – permettant des rabais au-delà  des 5 % autorisés par la loi – de 2 ans à  6 mois seulement.

À l’annonce de ces dépôts d’amendement, l’ensemble de la profession est monté au créneau, que ce soient auteurs, libraires ou éditeurs. Les syndicats ont multiplié les déclarations, autant que le gouvernement qui, par les voix de Christine Lagarde, ministre de l’Économie et Christine Albanel, ministre de la Culture, s’est fermement opposé à  une remise en cause de la loi.

Face à  cette levée de boucliers, les dépôts ont été reportés et seul Amazon, par son directeur général, a renouvelé sa demande de liquidation de la loi sur le prix unique du livre, invoquant des prix élevés qui pénalisaient les lecteurs. Si la lutte des libraires en ligne pour le port gratuit des ouvrages est légitime (les frais payants, compte tenu des tarifs de La Poste désavantage cruellement les lecteurs) on en vient à  douter de la franchise d’Amazon quand il s’émeut de livres trop chers pour le consommateur.

Rappelez-vous, il y a quelques mois, alors que l’euro était de plus en plus fort face au dollar, l’achat de livres en provenance des États-Unis était plus avantageux que jamais, donnant par le change des réductions de prix de plus de 35 %. Seulement, Amazon.fr a modifié l’alignement de ses prix pour une bonne part de ses livres importés, passant certains tarifs de référence, du dollar à  la livre sterling. Plus forte, la monnaie anglaise permet des marges plus sympathiques pour Amazon et pénalise les lecteurs qui se retrouvent avec une parité quasi identique à  l’euro.

Monter au créneau pour défendre les lecteurs paraît, à  la lumière de ces constatations, diablement faux-cul.