Maori #1/2, la décevante première BD de Caryl Férey

Quand les éditions Ankama ont annoncé la parution de Maori, première série bande dessinée du romancier Caryl Férey, difficile de ne pas s’exciter à  l’idée d’un polar noir se déroulant en Nouvelle-Zélande, imprégné de culture maorie. Problème, La Voie humaine laisse perplexe.
La série est prévue en deux tomes.
La série est prévue en deux tomes.

Que Jake Kenu, le policier maori au cœur du diptyque soit en partie repompé sur les héros de Haka et Utu, deux romans à  succès signés Caryl Férey, passe encore, mais que l’écrivain ne prenne pas complètement en compte les codes de la bande dessinée est bien plus enquiquinant. Ainsi, la voix off, idéale pour apporter une ambiance résolument noire au polar, paraphrase régulièrement les planches de Giuseppe Camuncoli, ce qui dans le meilleur des cas donne une coloration vintage sans doute pas voulue à  Maori, sinon une vilaine sensation de redite.

Ce sentiment de répétition est accentué par l’usage des mêmes expressions pour qualifier les personnages. Ainsi Sandra Witkaire, retrouvée morte sur une plage de Piha, sur la côte ouest d’Auckland, nommée coup sur coup « la jeune maorie ». Si ce genre de défaut technique est facilement pardonnable sur des œuvres de jeunes auteurs, difficile d’expliquer qu’une pointure comme Caryl Férey, même s’il s’agit ici de sa première expérience BD, ne se soit pas rendu compte des redondances, lui comme l’armée qui l’a entouré lors de la réalisation du diptyque. Sont crédités Stefano Landini à  l’encrage et aux « finitions », Luc Brunschwig, l’un des meilleurs scénaristes franco-belges, au « soutien à  l’écriture et au découpage », mais aussi deux coloristes et une maquettiste/lettreuse !

C’est d’autant plus dommage que l’histoire de meurtre mise en scène, en pleine élection et touchant la famille de l’un des candidats maoris, est pleine de surprise, de violence, et instaure une ambiance pesante, en plus d’en dire long sur les us et coutumes de ce peuple polynésien. Comme pour en ajouter à  la douche froide, le prix de vente, drôlement élevé chez un éditeur qui n’y va habituellement pas à  l’économie question qualité/quantité/prix, puisqu’il faut compter 14,90 euros pour 64 pages petit format, là  où un généreux Mutufukaz en donne plus du double pour le même prix. à‡a calme.

Maori #1/2, La Voie humaine, Giuseppe Camuncoli, Caryl Férey, Ankama, 14,90 euros.

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Illustrations é Ankama, Férey, Camuncoli.