Vous l’avez vu dans la presse, tout le monde s’est fendu d’un petit mot sur le jeu vidéo adapté de La Foire aux Immortels, premier tome de la trilogie Nikopol de Bilal. Signée White Birds, l’adaptation en jeu d’aventure est sortie sous le feu des projecteurs. Reste une question : est-ce réussi ?
C’est vrai quoi. Bilal par-ci, Bilal par-là , mais ce qui nous intéresse surtout c’est de savoir dans quelle mesure Nikopol : La Foire aux Immortels s’approche de la BD dont il est adapté, si les énigmes sont chouettes ou si pour 40 euros, on ne se fait pas blouser. Tout commence dans l’appartement parisien d’Alcide Nikopol – déjà , on s’éloigne de la BD –, un endroit spacieux, bien que délabré. Là où le bouquin de Bilal raconte l’histoire de papa Nikopol et du facétieux Horus, le jeu nous met dans la peau du fiston, artiste tourmenté, contacté par Anubis, le taulier de la pyramide flottante au dessus de Paris. C’est contre Nikopol père que nous allons devoir œuvrer, dans un Paris futuriste glauque et décadent, en proie à l’ultra présence de la religion. Ici, Choublanc n’est plus le gouverneur corrompu que l’on connaît, mais une sorte de messie illuminé, candidat à l’élection présidentielle – un changement scénaristique pour coller, paraît-il, aux enjeux religieux du monde actuel. Lire la suite…
Tu cliques ou tu pointes ?
Question mode de jeu, le système de navigation est semblable à L’Amerzone et aux derniers Myst. À la première personne, nous nous déplaçons de lieu en lieu, avec une vue à 360 degrés. Pas de vraie 3D, on nous ressert ici un mécanisme éculé qui a fait ses preuves. Sauf que graphiquement, Nikopol est daté. Les derniers Myst qui ont quelques années sont infiniment mieux réalisés que le nouveau jeu White Birds. Alors bien sûr, les décors sont honnêtes, mais ils n’impressionnent pas. à‡a se gâte avec les personnages plutôt moches et très mal incrustés aux décors. Pour être vilain, on va dire que ça ressemble au film Immortel Ad Vitam… en dix fois pire. Reste que l’ambiance est plutôt bien restituée et que les dialogues en français sont de bonne facture.
Côté gameplay, c’est enfantin. Le joueur stocke tout un tas d’objets dans son inventaire, qu’il pourra sélectionner pour interagir avec des éléments de décor. Indispensable pour résoudre les énigmes. On peut d’ailleurs reprocher le côté consolesque de l’interface, malgré la sortie unique sur PC. Impossible d’accéder à l’inventaire tout en jouant. Il faut passer par un écran spécial, sélectionner, cliquer… Rapide, mais quand même pénible, à l’image des minijeux qui ponctuent l’aventure. Trouver la bonne combinaison de coups de marteau pour faire tomber un mur, bien orienter des conducteurs d’énergie pour alimenter tous les éléments du métro. Sur le papier, c’est rigolo, mais à l’usage, il n’y a rien de vraiment fun, surtout quand après l’énigme bien compliquée du codage d’un passe magnétique, un puzzle sembable encore plus complexe fait son apparition. Un brin décourageant. Par contre, contrairement à la plupart des jeux d’aventure, on peut se faire tuer. Le temps est aussi très important, avec pas mal d’énigmes à résoudre rapidement si on ne veut pas finir six pieds sous terre. Un parti pris qui donne un petit côté survival sympa à certaines énigmes.
Un jeu à l’image des dieux : antique
Au bout du compte, Nikopol : La Foire aux Immortels est un jeu honnête, mais dispensable. Moins bien foutu que le déjà très moyen jeu d’aventure SF Perry Rhodan, le titre de White Birds n’est pas passionnant et ne donne pas envie de se casser la tête sur les énigmes pour savoir ce qui va se passer ensuite. Si le scénario remis au goût du jour convainc, ce n’est pas le cas des graphismes, en particulier du rendu des personnages, plutôt ratés, plus proche de L’Amerzone vieux de presque 10 ans que de la saga des Myst. La durée de vie est aussi incroyablement courte, avec tout juste 4 à 5 grands lieux à visiter, dont l’essentiel du temps passé vient de puzzles retors que seuls les bacs S spécialité math sauront apprécier. Reste que les inconditionnels de Bilal savoureront les références à la BD, mais à 40 euros, Nikopol : La Foire aux Immortels n’en donne pas pour son argent. Mieux vaut attendre la sortie en gamme budget, de ce jeu vraiment trop moyen.
Pour vous faire une idée, une démo jouable est à télécharger sur le site officiel du jeu.