2011. John McCain est président des États-Unis. Le Moyen-Orient n’a jamais été aussi instable, et le monde cynique au point qu’on ne distingue plus les gentils des méchants. Pour preuve, depuis leurs bureaux américains, de consciencieux employés pilotent des drones de combat, shootant civils et militaires indifféremment. Jimmy Burns en est le témoin. Journaliste, ex-blogueur devenu vedette pour avoir filmé en direct un attentat suicide au cœur de l’Amérique. Embarqué avec les troupes de l’oncle Sam, il couvre sur son blog – récupéré par le plus grand network d’information américain – le conflit Moyen-Oriental.
Acclamé outre-Atlantique, cette BD-reportage d’anticipation signée par le reporter Anthony Lappé et le dessinateur Dan Goldman est une véritable satire, plus qu’un travail journalistique. De ce point de vue, les amateurs de BD-reportage seront déçus. Visuellement, le parti pris esthétique est fort. Très graphiques, les planches carrées sont un mélange de dessin, de photos, de collages et de montages, parfois stupéfiants, parfois médiocres. Attendu le 9 octobre aux éditions des Arènes, Shooting War sera le premier roman graphique de l’éditeur, connu pour avoir lancé la revue XXI.
Mais à l’inverse de leur trimestriel solide et subtil, Shooting War manque de finesse, lorgnant trop souvent du côté de la caricature grossière, plutôt que de la satire intelligente. Comment croire une seconde à ce nouveau Ben Laden Guevarra en train de manger un big mac avant de monter dans son tank ? Dans le même genre, on préférera lire une fiction comme DMZ, tout aussi forte dans son propos, le réalisme en plus.
Shooting War é Les Arènes, Goldman, Lappé.