Frank MILLER écrit des histoires sur mesure pour ses amis. Et FRANK a l’honnêteté d’avoir des amis talentueux. SIENKIEWICZ, MAZZUCCHELLI, GIBBON, DARROW, que des pointures à vous foutre des coups de pompes taille 46 fillette aux censeurs du COMICS CODE. MILLER sait que quand on a une aussi grande gueule que lui, on n’a qu’une possibilité. Dire ce qu’on va faire, ET FAIRE CE QU’ON A DIT.
Quand MILLER travaille avec des artistes, il leur laisse les pleins pouvoirs. Lorsque BILL SIENKIEWICZ rend les premières planches de ELEKTRAÂ : ASSASSIN, FRANK pige tout de suite, qu’ils vont casser la baraque, le terme MIX MEDIA, semble avoir été créé pour BILL. Du collage, du crayon, de l’encre, des photocopies… C’est à une tornade de créativité que MILLER doit s’attaquer et TENTER de maîtriser. Ils avaient déjà travaillé ensemble sur DAREDEVILÂ : LOVE and WAR, mais BILL a foutu la gomme cette fois. MILLER réécrit son scénar, pour pouvoir faire le malin à la hauteur de BILL. MILLER et SIENKIE sont lâchés tous les deux et c’est à celui qui ira le plus loin…
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Part CUATRO • Frank Miller et les dessinateurs fous
4– LA POUBELLE DE MILLER VAUT DE L’OR
SIENKIEWCZ est si heureux qu’il croit tous les jours que ce COMICS sera leur dernier, alors il met la DOSE. Leur TRAVAIL sur ELEKTRAÂ : ASSASSIN rendra purement et simplement possible la production de COMICS en COULEURS DIRECTES comme c’est d’usage en Europe.
J’avais lu les deux premiers volumes en français (merci DELCOURT) de ELEKTRAÂ : ASSASSIN et j’ai été tellement choqué que je n’ai lu la suite qu’UN AN après. Mais alors choqué, hein…
Cela contredisait tout ce que j’avais lu jusque-là .
L’utilisation de la VOIX pour chacun des personnages principaux, le rythme, le style graphique qui empruntait autant aux peintures (KLIMT) qu’aux illustrateurs américains (BOB PEAK). Je savais que je lisais un truc important pour mon éducation graphique. L’ambition de ce projet est telle, que même de nos jours, cette histoire reste MODERNE et folle.
La scène la plus dérangeante du livre :
ELEKTRA enfant, son père (bourré) au-dessus de son lit.
Tout est dans le dialogue de MILLER, a-t-il couché avec elle ?
A-t-elle imaginé toute la scène et je vois pas comment…
Bref, c’était trop pour mon jeune esprit.
J’ai dû lire cette page des dizaines de fois, niant l’évidence…
MILLER, je te MERDE, tu as foutu mon enfance en l’air.
MILLER fout beaucoup de scénars à la poubelle.
GEOF DARROW lui envoie le premier épisode dessiné de leur série nouvelle, HARD BOILED, qui devait être une sorte de BLADE RUNNER dans le monde MARTHA WASHINGTON. Que nenni. DARROW est parti en sucette. Des années à dessiner des SCHTROUMPFS pour la TV l’ont rendu fou. MILLER s’arrache les cheveux. Il enfonce rageusement son histoire au fond de la poubelle à grands coups de pied. Mais qu’est-ce qu’il va foutre avec tout ce bordel ? Les planches sont magnifiques, les refaire serait un sacrilège. Il tourne en rond, les planches scotchées au mur de son atelier de LOS ANGELES. Soudain, le déclic, cela sera une comédie, noire, désespérée et violente (et un peu porno, vu qu’il y a des gens qui baisent partout).
MILLER est prêt à tout pour secouer la pulpe du fond d’un tas de connards du TEXAS. Il estime même que si ses COMICS ne sont pas interdits là -bas, il n’a pas fait son travail. Heureusement pour lui, il est édité chez DARK HORSE, la petite boîte qui monte et ils se mettent en quatre pour faire les plus beaux bouquins possible. MILLER a surgi chez DARK HORSE après son expérience hollywoodienne. Le boss de DARK HORSE, MIKE RICHARSON, qui a de bons contacts dans le ciné, est aussi le fondateur d’un fanzine APA-5 où un certain FRANK MILLER a publié ses premiers dessins avant de devenir pro. MIKE a eu la chance d’avoir un paquet de ses potes qui sont devenus aussi des pros. Avec eux il a monté DARK HORSE après un petit passage par le magasin de COMICS (un peu comme FUTUROPOLIS)
MILLER retrouvera le goût du DESSIN avec SIN CITY. Nous offrant ainsi un CLASSIQUE du genre et aussi d’autres petites histoires anecdotiques (les tomes 1 & 4 sont d’enfer, le reste c’est moyen).
MILLER finira le siècle avec un COMICS en cinémascope, 300, qui marquera en beauté la fin de sa bonne période (1979-1999). Faut être un peu con pour prendre 300 pour un récit historique et encore plus CON pour s’offusquer de la représentation des PERSES. XERXàˆS ne devait pas faire 2 m 50 de haut. Et les SPARTIATES devaient sûrement pas se balader TORSE-POIL en slip pour aller à la guerre. Faudrait vraiment être à la ramasse. La moitié seraient morts de froid et l’autre moitié serait enrhumée.
300 est pour le Mâle Alpha, ce que représente TAXI DRIVER pour le SOLITAIRE DÉSAXÉ. Une illusion parfaite de réalité. MILLER n’a produit que de la FICTION. Toute sa vie. SIN CITY est un monde imaginaire et jouissif où cohabitent les caisses des années 50 et les portables. 300 est le récit d’une légende raconté par un soldat rescapé qui n’a pas assisté à la bataille finale.
À suivre…
Plus qu’une partie et cela sera plus cool, je vous parlerai des NAZIS. Tout le monde aime les NAZIS, non ?
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