Les ricains ont toujours eu une vision monochromatique des BLACKS. 
Ils les ont vus en Blanc & Noir, de l’esclavage jusqu’aux SEVENTIES, après ils n’ont distingué que le VERT de leurs dollars. Proposant alors aux millions de BLACKS des produits culturels susceptibles de leur convenir, assez souvent produits par des blancs, mais avec un vrai souci d’intégration et de profit. Eh bien oui, il y a 59 ans aux STATES, c’était l’apartheid. Si t’es BLACK, t’es au fond du bus, tu baisses la tête dans la rue, et tu pisses là où c’est sale et où il n’y a pas de lavabo. Alors, imaginez-les dans les publications pour la jeunesse…
Il n’est pas question de parler ici de racisme ou xénophobie, mais juste du décalage culturel et des clichés qui furent longtemps collés aux BLACKS avant qu’ils puissent FAIRE ENFIN partie du casting. Il est impossible de juger les clichés d’une époque lointaine à travers ceux d’une autre plus proche, surtout si celle-ci est antérieure au nazisme et ses atrocités. En 1936, aux USA, il était courant de se voir accuser d’antinazisme primaire. Pas trop après 1945, bizarrement, comme le prouve la disparition des prénoms finissant en DOLPH… seuls les DOLPHINS et DOLPH LUNDGREN sont passés au travers.
De nos jours, dans le COMICS, il n’est pas rare de voir des personnages blancs célèbres être remplacés (ou repensés) par des persos noirs. GREEN LANTERN par exemple ou NICK FURY plus récemment.
Mais avant cela, l’un des premiers BLACK à apparaître dans un comics comme personnage récurrent et mémorable, fut LOTHAR. Censé être un roi africain, on voit bien que c’est le valet de MANDRAKE et un peu aussi son garde du corps. Avant cela, on avait de petits sauvages aux grands yeux écarquillés incapables de la moindre élocution, rebondissant partout et se battant tout le temps avec des animaux.
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En Belgique, Hergé est revenu (bien plus tard…) sur cette époque et a dit :
 « Pour le Congo tout comme pour Tintin au pays des Soviets, il se fait que j’étais nourri des préjugés du milieu dans lequel je vivais… C’était en 1930. Je ne connaissais de ce pays que ce que les gens en racontaient à l’époque : « Les nègres sont de grands enfants, heureusement que nous sommes là ! », etc. Et je les ai dessinés, ces Africains, d’après ces critères-là , dans le pur esprit paternaliste qui était celui de l’époque en Belgique. (*) »
La BD a été publiée en feuilleton entre 1930 et 1931, pourtant la version de TINTIN au CONGO que nous connaissons a été entièrement redessinée (et passée de 105 pages à 62) et a été mise en couleur en 1946. 
Et pourtant, les animaux y causent toujours mieux le Belge que les autochtones.
Pendant ce temps, à Philadelphie, en juin 1947, était publié le premier (et unique) numéro de All-Negro Comics Inc. le premier COMICS entièrement édité, écrit et dessiné par des Blacks. Un second COMICS avait été produit, mais EVANS vit tous les acteurs de la chaîne de l’édition refuser d’imprimer, distribuer et vendre son COMICS. Les autres éditeurs s’emparèrent du public « NEGRO » et créèrent pour eux une ligne de produits bien particulière. Orrin C. EVANS quitta l’édition, pour revenir à la presse quotidienne où il devint une inspiration pour tous. À sa mort, une bourse d’études portait son nom et il ne devait plus y avoir de place sur ses murs pour un prix supplémentaire… Après cette unique expérience et à part quelques histoires ANTI-RASCISTES publiées par EC COMICS et écrites par HARVEY KURTZMAN, le BLACK resta un second rôle assez longtemps. Ils étaient sauvés par des rois blancs dans la jungle. Ils étaient absents des rues et des histoires romantiques et ne dépassaient que rarement l’âge de l’adolescence.
“ Tous les éditeurs refusèrent le premier comics réalisé par des Blacks
À l’époque plusieurs comics visant spécialement un public Black furent édités, ils avaient essentiellement une valeur éducative comme « Little Willie » (p’tite quéquette) qui instruisait sur le délicat sujet des maladies vénériennes des Afro-Américains. Un peu de détente fut aussi proposé par Fawcett Comics avec 3 numéros de Negro Romance en 1950. Mmm… BLACK n’était pas encore BEAUTIFUL à l’époque.
ATLAS COMICS (qui est le premier nom de MARVEL COMICS avant qu’il ne change de nom et ainsi puisse fêter leurs 70 ans cette année) avait produit Jungle Tales en 1954, Waku, Prince of the Bantu a eu sa propre série. C’était un chef Africain, le tout était encore bourré de clichés, mais on avançait lentement… jusqu’à un matin de décembre.
Le 1er décembre 1955, à Montgomery (Alabama), ROSA PARKS refusa de céder sa place à un passager blanc dans un bus. Après 381 jours d’une grève organisée par un jeune pasteur MARTIN LUTHER KING jusqu’au 13 novembre 1956, la Cour suprême déclara anticonstitutionnelles les lois ségrégationnistes.
Dans les années soixante, deux boxeurs noirs (JACKIE ROBINSON et JOE LOUIS) connurent la gloire et le succès, et le COMICS ne tarda pas à sauter sur l’occasion de créer la polémique. Décembre 1961, dans les pages Our Army at War #113 chez DC COMICS, Jackie Johnson apparut. Il fut longtemps considéré comme le premier BLACK dans la COMICS à ne souffrir d’aucun stéréotype généralement collé à ses frères de papier. MARVEL qui ne chômait pas créa Gabriel Jones dans le célèbre Sgt Fury and His Howling Commandos. Oui, le NICK FURY du SHIELD qui renaîtra dans une version ULTIMATE (par MARK MILLAR) sous les traits d’un des BLACKS les plus cool de tous les temps. SAMUEL JACKSON qui est capable de buter des serpents dans l’avion en récitant la bible (EZEKIEL 25:17) et en jouant du BLUES, un sabre laser à la main.
En 1965, DELL COMICS a introduit (le temps d’un unique numéro) LOBO, le premier homme BLACK à avoir son nom dans le titre du premier coup sans passer par une autre série avant. Et il était armé, le gars et tirait sur tous les méchants!!! Tirage du comics 200 000 exemplaires. Vente estimée 12 000. Ouh là là , c’est comme vendre des Mc BACON à BAGDAD, c’était pas encore le bon moment.
Toujours en 1965, Morrie Turner (un pote à Orrin C. Evans) qui fut le premier cartoonist BLACK à avoir un strip récurrent dans un journal. Il créa « Wee Pals », une série qui faisait la part belle aux différences ethniques.
“ Black Panther a plusieurs fois collé une branlée aux 4 Fantastiques ou Captain America
Puis en 1966, Bobby Seale et Huey P. Newton deviennent les membres fondateurs du mouvement révolutionnaire Black Panther Party (à l’origine le « Black Panther Party for Self-Defense »). La même année où STAN LEE et JACK KIRBY vont se lâcher comme bêtes dans les pages des FANTASTIC FOUR #52 et vont créer The BLACK PANTHER. 
T’CHALLA est le roi du WAKANDA, pays fictif d’Afrique centrale souverain et riche qui ne fut jamais conquis. Le pays a gardé ses traditions séculaires mélangées à la plus grande modernité, un peu comme le JAPON, la BOMBE ATOMIQUE sur la gueule en moins…
 Il a l’un des costumes les plus sobres (tout noir, éviter de rendre la justice en violet et en jaune, c’est la classe) et a plusieurs fois collé une branlée aux 4 FANTASTIQUES et à CAPTAIN AMERICA. JACK KIRBY aura un grand plaisir à jouer plusieurs fois avec son personnage.
Toujours par STAN LEE, on peut noter JOE « ROBBIE » ROBERTSON (dans Amazing Spider-Man #52 in 1967) qui devint l’âme du DAILY BUGLE, le journal de J. JONAH JAMESON, le mec qui pense que crier fort et avoir la même moustache que CHARLOT dans LE DICTATEUR, c’est bien. ROBBIE est l’un des rares exemples de mec normal, ne souffrant d’aucun cliché (roi africain, taulard, voleur…) circulant sur les BLACKS à l’époque. Il symbolise la justesse et l’honnêteté. Ce que devrait être tous les journalistes… c’est beau les COMICS quand même…
Et bien que le FAUCON soit apparu avant BLACK PANTHER, dans les pages de CAPTAIN AMERICA, il fut toujours considéré comme un SIDEKICK ou une demoiselle en détresse. Donc une présentation assez peu glorieuse pour un peuple à la recherche de reconnaissance.
 BLACK PANTHER fut et est encore très populaire. Il est actuellement scénarisé par Reginald Hudlin, un réalisateur, scénariste et producteur black. HUDLIN a d’ailleurs joué les entremetteuses pour T’CHALLA en le mariant à STORM, la belle mutante égyptienne aux cheveux blancs des X-MEN (qui ressemble à HALLE BERRY), la classe.
 HUDLIN qui connaît bien ses classiques et qui est un peu joueur a d’ailleurs collé dans une aventure de BLACK PANTHER (de 2006 intitulé « BAD MUTHA ») tous les majeurs persos BLACKS de chez MARVEL. Le FAUCON se met encore minable devant tout le monde, mais LUKE CAGE et BLADE, se la donnent à fond, à casser du cul de petits blancs vampires racistes dans les ruines de la NOUVELLE-ORLÉANS après le passage de KATRINA.
“ Des Blacks surpuissants couchaient avec Pam Grier quand elle avait encore 20 ans
LUKE CAGE adopta le doux et modeste nom de POWER MAN en 1972, est l’un des plus cool personnages BLACK des seventies, sinon le plus cool. C’est une réponse directe à la vague de films BLAXPOTATION (où des réals et scénaristes blancs faisaient des films où des BLACKS surpuissants flinguaient tous ce qui bouge et couchaient avec PAM GRIER, quand elle avait 20 ans, après on se demande pourquoi on se souviens encore de ces films…)
LUKE CAGE est un taulard injustement condamné . Il a eu la malchance d’avoir la même gonzesse que le caïd du coin. Le caïd était un peu trop jaloux et LUKE CAGE s’est retrouvé avec 2 kilos de pure blanche sous le lit. On fait sur lui des tests médicaux limite pas légaux, le méchant garde de service fout la merde dans l’installation et plus vite qu’il ne faut pour lire ka-BOOM, LUKE CAGE traverse les murs et les gardiens racistes comme du beurre. Il va mettre sa force au service de la communauté avec son pote IRON FIST (la réponse aux films de BRUCE LEE et la série KUNG-FU) et ils seront tous les deux, les HÉROS À LOUER qui je crois est le meilleur titre de comics que je n’ai jamais vu de ma vie.
“ C’est pas comme si les Wachowski n’avaient jamais rien pompé de leur vie
LUKE CAGE n’a jamais été trop gâté par ses histoires, il a fallu attendre CAGE (2001), et BRIAN AZZARELLO (100 BULLETS) et RICHARD CORBEN pour avoir enfin un truc lisible avec lui. Et ce truc est lisible, je vous jure et il existe même en français.
BLADE créé par MARV WOLFMAN et GENE COLANÂ en 1973 dans les pages de Tomb of Dracula est un DAYWALKER, un diurnambule (un mec qui marche le jour, je sais pour vous c’est keud, mais pour les vampires, c’est trop de la balle). BLADE les chasse avec sa longue lame droite, d’où le nom. WESLEY SNIPES fera 3 films avec lui (faute de pouvoir produire BLACK PANTHER) et on remarquera bien que le premier film de 1998, est la matrice de MATRIX (1999). Long manteaux en cuir noirs, karaté, saut dans le vide et il y a même un BULLET TIME. Et c’est pas comme si les WACH BROS n’avaient JAMAIS rien pompé de leur vie, hein…
Une bonne partie des « schwartz ubermensch » des SEVENTIES sont tous de retour actuellement et les meilleurs scénaristes et artistes de la nouvelle génération de COMICS, font mumuse avec, comme vous faîtes ici avec SPIROU.
Alors quid des BLACKS créés ces dernières années ? Et si vous ne vous posez pas la question, vous devriez, car je vais y répondre… la semaine prochaine.
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T for TROUBADOUR commence là où WART s’arrête… par un T.
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La semaine prochaine « Les BLACKS dans le COMICS » part TWO