Non, le Grand Méchant Loup ne passe pas son temps dans les jupes du Petit Chaperon Rouge ou à souffler comme un taré sur la maison des Trois Petits Cochons. Lui et les autres personnages de Fables, loin de leurs légendes, cohabitent au cœur de New York, cachés des humains grâce à un sortilège. Loin d’être méchant, Bigby Wolf fait régner l’ordre ! à‡a tombe bien, il y a du pain sur la planche.
[dropcap size=dropcap-big]C[/dropcap]ar Le Grand Méchant Loup a fort à faire, depuis que la tête décapitée d’une jeune femme a été déposée devant la résidence Woodland, façon avertissement. Manque de bol, ni Bigby ni Blanche-Neige, l’assistante du directeur des opérations, ne reconnaissent la victime et aucun n’est d’accord sur les éventuels suspects. S’ensuivent des phases d’enquête, entre passage de scènes de crime au peigne fin, entretiens avec le voisinage ou demande d’un coup de main au Miroir Magique, capable de situer n’importe qui n’importe où, images à l’appui.
Comme dans la bande dessinée Fables créée il y a dix ans par Bill Willingham, la préquelle The Wolf Among Us nous confronte à des personnages désabusés, pathétiques, fondus dans une société contemporaine peu flatteuse. Les héros de nos contes d’enfants ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes, certains picolent comme des trous, d’autres font le tapin, et il n’est pas rare d’en venir aux mains, dans des séquences pleines de punch, où il suffit d’appuyer sur des boutons du clavier ou de la manette dans un temps imparti pour esquiver, sinon de spammer une touche ou de presser sur une autre pour coller de sacrés bourre-pif.
Si ces phases de confrontation musclées ne lésinent pas côté action, The Wolf Among Us reste un jeu d’aventures, proposant le plus souvent des scènes de dialogues à choix multiples, à faire dans un temps parfois très très court, et dont certains influent sur les évènements, le plus souvent à long terme. Moins souvent, il faut choisir entre deux lieux à inspecter, d’où des conséquences sérieuses sur le déroulé de l’action. Du coup, mieux vaut avoir un bon niveau d’anglais, pour comprendre les diverses propositions, puisque le jeu de Telltale Games, comme The Walking Dead lors de sa sortie, ne dispose que de sous-titres anglais. Un parti-pris qu’on s’explique mal, d’autant que des structures bien plus modestes, comme The Panel Syndicate qui édite le feuilleton BD numérique The Private Eye, fait l’effort d’offrir à ses lecteurs des traductions en espagnol, catalan, portugais et français…
Côté des mauvaises nouvelles, il n’est rare de subir quelques ralentissements, malgré un moteur graphique vieillissant loin d’être impressionnant, affichant de temps à autre des textures franchement douteuses. Pas grave, le travail artistique est à l’inverse réjouissant, avec des ambiances travaillées, des couleurs saturées, radicales, du plus bel effet. L’ensemble, baigné dans des musiques somptueuses, développe des ambiances assez folles, tantôt douces, tantôt amères, bien loin des variations les plus récentes autour des contes, comme le mielleux Once Upon a Time.
Premier épisode des cinq prévus, Faith s’achève sur un cliffhanger à s’arracher les cheveux. Il faut compter moins de deux heures pour boucler l’épisode, mais le soin apporté aux dialogues, à la façon d’être des personnages, donne très envie de se ruer sur la suite, tout comme se (re)plonger dans la bande dessinée, éditée en français chez Urban Comics.
The Wolf Among Us #1/5, un jeu d’aventures édité par Telltale Games, environ 17 euros la saison complète, dispo sur PC, Mac, Xbox 360 et PS3.
Testé à partir de la version Mac OS X du jeu.