à‡a tangue sur le navire Ankama. Entre l’annulation des mangas Black Joke, La Paire et le Sabre, Hitman, Togainu no chi et l’arrêt d’une dizaine de titres et séries européennes dont les premiers tomes devaient paraître cette année, la maison roubaisienne s’éloigne de sa coolitude traditionnelle. Explications.
Ankama met en avant l’état du marché BD et ses impératifs économiques pour justifier les annulations. Fini la diversification, la maison recentre son catalogue autour des univers Dofus-Wakfu, du label 619 (Freaks’ Squeele, Mutafukaz), des univers de Wul, de la collection Hostile Holster, en plus d’auteurs comme Maliki ou Marion Montaigne, lauréate du prix du public à Angoulême pour Tu mourras moins bête. Niveau chiffres, la réduction de voilure est loin d’être aussi drastique que chez Milady Graphics, puisqu’après la parution de 85 titres en 2012, Ankama n’en prévoit que quinze de moins en 2013, et ne compte pas sabrer davantage en 2014.
La pilule est plus dure à avaler pour les auteurs. L’un d’entre eux venait de passer 2 ans et demi sur un livre de 300 pages, prié d’aller se faire éditer ailleurs. Même un taulier comme Jean David Morvan, un temps coordinateur de la collection Wakfu Heroes d’Ankama, a perdu le premier tome d’Huntress, entièrement dessiné par Thomas Labourot. Nul doute que la plupart de ces projets trouveront un nouvel éditeur. C’est déjà le cas du Chemin perdu d’Amélie Fléchais, attendu en juin dans la collection Métamorphose des éditions Soleil.
Côté contrat, tous les auteurs doivent percevoir leurs avances, en plus de récupérer leurs droits. En pratique, c’est un peu moins simple, puisqu’ils sont confrontés à la signature d’un document polémique. Au point que le groupement BD du SNAC a produit un communiqué, précisant aux concernés qu’il n’y avait pas à signer quelque papier que ce soit. Ambiance. Si on reste loin des pires années des éditions Soleil, avec annulations en série, ce début de printemps pluvieux a écorné l’image d’eldorado pour artistes dont bénéficiait Ankama jusqu’alors. Et on voit mal les auteurs touchés par ces péripéties renouveler leur confiance pour de futurs ouvrages.
Néanmoins, les projets ambitieux sont loin d’avoir tous fini au rebut. L’éditeur a récemment signé une deuxième saison à City Hall, le manga frenchy de Lapeyre et Guérin, et lancera, pour Japan Expo, le premier tome du manga français Radiant, dessiné par Tony Valente, auteur de l’injustement boudé Hana Attori. On vous parlera prochainement de sa nouvelle série, qui nous met dans le même état qu’une bande de gamines la veille d’un concert des One Direction.
Image tout en haut, tirée de la couverture du quatrième tome de Black Joke.
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Ce qu’en pense Troubadour :
La crise frappe tout le monde. Tu es cool quand tu es jeune. Ankama ne l’est plus et doit gérer les choses de façon adulte… ou pas. Je ne connais pas les termes des contrats. Ce que je vois par contre, c’est l’essor des MANGA made in France… ou alors ma perception de l’ensemble est incomplète. Déjà qu’aucun éditeur n’aime faire du MANGA made in France, si eux disent « POUCE« … ça aurait pu devenir chaud pour les jeunes qui n’aiment que ça, surtout depuis la fin de Tchô !. Et que voit-on émerger chez tous les éditeurs depuis qu’ils ont épuisé tous les best-sellers japonais ? Roulement de tambour… des COMICS, des traductions partout. Je savais que les COMICS allaient sauver la BD… mais je ne pensais pas que ça allait se passer comme ça…[/alert-note]