Avec cette création inédite en trois tomes, dont le premier sort cette semaine pour moins de 20 euros, les éditions Kana réalisent un très beau coup éditorial. Parce qu’Une vie chinoise est sans doute la première BD chinoise à porter un regard intransigeant sur les années Mao, du Grand Bond en avant et de ses millions de morts à la révolution culturelle, qui s’est mutée en chasse aux sorcières absurde.
Inédite en Chine, l’œuvre est scénarisée par l’Européen à”tié d’après les souvenirs de Li Kunwu, qui assure toute la partie graphique en noir et blanc. On imagine que l’exercice a dû être enrichissant pour l’artiste, lui-même membre du parti communiste chinois, ancien soldat de l’armée rouge et auteur de BD de propagande. Néanmoins, Une vie chinoise n’est pas un pamphlet antimaoïste. De façon subtile, il montre à travers 240 pages les réalités du régime sans porter de jugement de valeur. Cela suffit pour dresser un bilan éloquent à l’aide d’anecdotes glaciales, comme celle où un camarade de classe de l’auteur fixe une médaille Mao à même sa peau, en l’honneur du vénéré Grand Timonier…