Gung Ho, promesse de 400 planches post-apo

Après avoir réalisé trois tomes de Chronique des immortels, adaptés des romans de Wolfgang Hohlbein, Thomas von Kummant et Benjamin von Eckartsberg lancent Gung Ho, leur première création 100 % originale. Les éditions Paquet y croient tellement qu’elles sortent la première moitié du tome 1 en version collector.

Cet article a été publié le 4 avril 2013, puis mis à  jour le 22 septembre avec un avis sur le tome complet. 

Commençons par cette histoire d’albums en morceaux. Gung Ho est prévu en cinq tomes de 80 planches, à  raison d’un album par an. S’y ajoutent dix versions deluxe, comprenant chacune une quarantaine de planches, complétées de bonus, explications et croquis. Le premier de ces tirages limités à  3 000 exemplaires, en très grand format, est paru à  l’occasion du festival d’Angoulême. La deuxième moitié sortira en août-septembre, en même temps que le « véritable » tome 1.

Résultat, on sort un peu hébété de cette première rencontre avec Gung Ho. D’un côté, les planches somptueuses et l’univers postapocalyptique où rode une menace font leur effet ; de l’autre on a le sentiment d’être lâché en plein entracte, avec une œuvre amputée de moitié, finalement impossible à  juger. Même si les paris risqués nous régalent, ce choix ne risque-t-il pas d’aliéner une partie des premiers lecteurs, s’estimant blousés par un demi-tome ?

D’autant que ce choix éditorial influe directement sur la perception qu’on a de l’œuvre. Par exemple, Zack et Archer, deux frangins, se retrouvent au sein d’une colonie surprotégée, quelque part en Europe, occupés à  s’entraîner contre une menace invisible. Zombies, humains contaminés, monstres ? On ignore tout de la « plaie blanche », hormis son extrême dangerosité. Problème, impossible de savoir si cette volonté de ne rien dire est un choix du scénariste ou une fausse impression, éventuellement balayée dans la seconde partie du premier tome.

Reste qu’on referme Brebis galeuses avec des étoiles dans les yeux, pour qui n’est pas allergique au dessin numérique, sans encrage, bercé par un univers désolé très travaillé et des décors auxquels il ne manque pas une feuille, pas un brin d’herbe, ni une sape dégueulasse – les pauvres survivants doivent bien faire avec ce qu’ils trouvent, dans cet univers hostile, baigné de soleil. Si ce premier contact enthousiasme, mieux vaut attendre la rentrée, pour se faire une idée avec le premier volume entier. L’expérience de lecture n’en sera que meilleure, et le prix de vente, entre 15 et 18 euros pour 80 planches, plus attractif que les 51 euros de l’album sous sa forme collector.

Gung Ho – Première partie du tome 1, Brebis galeuses, Thomas von Kummant, Benjamin von Eckartsberg, Paquet, 25,50 €. 

Mise à  jour au 22 septembre : Non, la Plaie blanche ne restera pas invisible tout au long de la série, puisque les auteurs lèvent le voile en fin d’album sur cette menace originale et pourtant crédible, qui évite de tomber dans le cliché du zombie et autre monstre dégoûtant. Mieux, en offrant ce premier tome complet grand format de 80 planches pour 15 euros, les éditions Paquet signent le meilleur rapport qualité/quantité/prix de la rentrée !

Gung Ho #1/5, Brebis galeuses, Thomas von Kummant, Benjamin von Eckartsberg, Paquet, 15 €. 

Images é Paquet, Von Kummant, von Eckartsberg.